Lendemain d’élections

Evidemment, je ne parlerai pas de Marine Le Pen, ça me démoralise trop, je ne veux même pas en entendre parler, j l’ignore, d’autres personnes font ça très bien.
Non, moi, mon gros sujet de réjouissance, c’est que Sarko s’est pris une pelle. On avait beau s’en douter – et on est bien d’accord, que, comme disait brel, « il y a la manière », et lui il ne l’a pas, et avec Hollande, nos vies n’en seront pas transformées. Sauf, bien entendu, si on s’appelle Françoise Hardy ou Liliane B. Mais il n’y en a pas dans ma famille.

On avait beau s’en douter, certains n’y croyaient pas. Ils sont de droite dans ma famille, par principe, parce que c’est comme ça, ou parce que les socialisses c’est des méchants, responsables de tous les maux de la France (tous, tous)(même si la droite est au gourvenement depuis 2002, c’est la gauche qui a tout fait mal, il faudrait que je note certaines réflexions).

Ils n’y croyaient pas, et pour certains, ils trouvent que Sarko, même s’il n’a pas trop la manière, il se donne du mal. Parfois, on a un peu l’impression qu’ils vont lui envoyer des chocolats pour le remercier de tout ce travail qu’il fait à l’élysée. Ils me font penser aux militants qui disent sans rigoler que sans lui, c’est le chaos qui va s’installer.

Eh bien, ce matin (j’ai passé deux trois coups de fils inquisiteurs) (en parlant d’autre chose), c’était tristesse et désolation. Pas les chars russes, non, mais la fin de la France, la dégringolade économique, la crise, des étrangers partout partout, l’Islam, les valeurs de la France piétinées, bref, la fin du monde.

Ça m’a fait de la peine. J’ai tenté de raisonner. Tante Marie Hélène tremble, dans son 106 m2 vue sur Seine. Elle tremble au premier degré, elle est persuadée qu’elle va mourir des impots. Sera-t-elle obligée de vendre sa maison de Touraine ? J’y ai dit que non, mais elle a un doute. J’ai tenté de faire remarquer que même avec Mitterrand (haï tout particulièrement), personne la lui avait prise, sa maison de Touraine, voyons. Mais là c’est pire ! C’est la crise ! Ils vont vendre nos maisons pour donner aux banques ! Bon. J’ai pas bien tout compris la cohérence. Mais j’ai pouffé, je dois dire. C’est pas charitable envers une dame qui m’invite à deguster des tartes au citron super bonnes. Je vais lui rapporter des chocolats pour apaiser ma conscience la prochaine fois.

Mon oncle Guillaume faisait la gueule aussi. Il exècre tout ce qui est socialiste, sauf le mari de ma tante Marie-Rose, qui a une sorte de dérogation (il est prof, selon mon oncle, à qui les idées reçues ne font pas peur) (et il est con, toujours selon mon oncle, mais bon, on l’aime bien quand même). Sa détestation des socialistes se borne à relater les frasques politico-administratives des élus locaux de gauche. Il a donc soupiré en me disant : Tu es contente, hein ?
– Oui, lui ai-je répondu.
– Faut dire aussi. Il a merdé une semaine ! s’est-il écrié, vibrant. Une semaine ! Il l’a payé 5 ans (ton accablé, force du destin, etc).
– Oh, tout de même. Plus d’une semaine.
– Mais non ! Mais non ! C’est là que tout le monde se trompe ! Et maintenant, on va retomber dans les griffes des Enarques !
Mon oncle n’aime pas les Enarques.

Il m’a fait de la peine.

En revanche, côté copains, c’était plus gai. J’étais chez Faustine (réconciliée avec Brani), avec Hana. On a bu du pétillant de Touriane en poussant des cris de joie. Brani, après plusieurs verres de pétillant, nous a informé avec émotion qu’il retrouvait la France dans ce vote. Le pauvre ne comprend rien du tout, ou alors c’était du 2ème degré (ça m’étonnerait tout de même), avec l’autre à quasi 20, je me demande avec des sueurs froides quelle France il croyait retrouver. C’était aussi une façon d’être aimable. Hana nous a informé que le Français n’était pas raciste. Bon. Elle nous a fait une brillante analyse de ce vote que l’on déteste tant. (celle qu’on peut lire partout, le vote merde, le vote ras le bol, et la frustration légitime de plein de gens, elle pensait à ses parents – d’origine, justement, étrangère – ou amis de ses parents).
On a quand même failli s’engueuler, parce que cette bobo de Faustine, drapée dans une dignité qu’elle sort un fois par an, nous a informé que le racisme c’était mal. Et que les votes FN sont des votes de facho qui devraient tous rougir, etc. On a été obligé de s’en tenir là, tant la conversation menaçait de mener dans le fossé, et en rentrant avec Hana, elle m’a dit qu’entre la xénophobie populaire et le paternalisme pontifiant des bobos, elle ne savait pas ce qui lui donnait le plus envie de vomir.

Il va falloir s’empêcher fort de basculer dans cette vison manichéenne et conne des choses, les gentils contre les méchants. Supporter des grosses têtes qui font faire en plus sirupeux une politique similaire à celle de Sarkozy. Et bien penser au yacht, à la rolex, et au Fouquet’s, pour savoir contre qui, à défaut de pour qui, on vote.

5 réponses à “Lendemain d’élections

  1. Au bureau l’ambiance était mauvaise, super mauvaise comme rarement. Je me suis tenue à carreaux ;o)

  2. mourir des impôts, j’aime beaucoup ^

  3. « Il va falloir s’empêcher fort de basculer dans cette vison manichéenne et conne des choses, les gentils contre les méchants. »
    Yep, en fait, j’ai l’impression qu’on est déjà un peu dedans, donc, il va falloir faire en sorte d’instaurer le débat, de discuter avec les gens. Je sais pas comment c’est possible de parler avec les gens, mais je suis sûr que c’est la solution.

  4. Waow. Excellent. Surtout, ne le prenez pas mal, mais je vous voyais nettement plus, euh, socialiste. Comme quoi je couvre ma tête de cendres et fais amende honorable.

  5. Je découvre ici en venant voir qui vient de me « follower » sur Twitter, et je regrette pas. j’adore la visite politique à la familia 😀