Hedwige : gin tonic et pommes sarladaises, entre autres

Donc, dans le salon. En désordre. Nombreux mouchoirs en papiers, télé allumée, téléphone sur la table devant le canapé. Hedwige s’assied. Ne dit rien. Moi non plus. Que dire?

Je suggère un thé ou un café, mais Hedwige préférerait une bière et n’en a plus. On sort? pas comme ça. Hedwige n’envisage même pas de sortir pas maquillée. Quelle femme ! Remarquable, non? (Ou alors c’est moi qui ne suis pas remarquable du tout).

D’ailleurs elle ne pleure plus. Elle met la télé,  zappe, dit que cette fois elle va se maquiller, repart dans la salle de bain, voilà, ressort assez vite, je range un peu pour m’occuper, elle n’a parlé que par monosyllabe et je ne sais toujours si elle s’est fait agresser, si sa grand mère est morte, si elle est virée… Rien.

– Bon, on sort, ça ne va pas aller si on reste.

Parfait, ça m’arrange aussi, je sens bien qu’elle est sous tension.

On sort, on marche, dans les rues grises, les lumières des devantures  vont s’éteignant, une voiture passe parfois avec ses feux, au loin le murmure du boulevard, autour de nous des fenêtres illuminées, des lumières chaudes dans les appartements des gens qui vivent  d’autres vies, les poteaux qu’on évite en croisant les passants, les immeubles en pierres blanches, les immeubles avec de la briques, les poubelles sont dehors, un très jeune couple passe en s’invectivant, il fait bleu autour de nous, on frissone, mais ce n’est pas le froid, c’est – un peu tout – jusqu’au restau du coin, un restau du sud ouest, bien ma chance. Je vais tenter de résister uax pommes sarladaises. Je ne devrais pas penser aux pommes sarladaises, d’ailleurs, je viens là pour soutenir moralement une amie.

– Les pommes sarladaises sont extra, me dit Hedwige en s’asseayant.

Bravo. J’éclate de rire, c’est nerveux. Elle aussi. Le serveur vient s’enquérir bien poliment si ces dames souhaient un apéritif.  » Et comment donc ! tonitrue Hedwige. « On ne va pas se laisser abattre. Hein, Fanette?

Fanette ne se laisse pas abattre ; elle plie à l’occasion, mais ne rompt jamais. Je demande un kir. « Ah non! » fait Hedwige. « Arrête avec ton kir.  »

– Mais j’aime le kir?

– Deux gin tonic.

– Ah non, non, non, dis-je au serveur qui s’éloigne, un fin sourire aux lèvres, s’il vous plait, elle veut me faire boire, mais alors au moins un gin fizz.

– Tu sais c’est mal ce que tu fais.

– Il y a autant d’alcool dans un verre de vin que dans un verre d’alccol.

– Mais c’est pas le problème. J’aime le kir.

– Tu seras plus bourrée avec un gin  et il le faut.

– Tu sais qu’il y a des gens qui nous regardent? chuchoté-je.

– Je m’en fous.

– Pas moi. On va avoir l’air de deux pauvres filles bourrées, dans peu de temps.

– Pas du tout, on aura l’air d’une jeune fille bourrée avec sa copine.

– La copine c’est toi ou moi?

Et on pouffe. Oui, le niveau des échange n »est pas toujours terrible. On s’amuse comme on peut.

Néanmoins, Hedwige baisse le ton.

Le serveur ramène les gin, tonic et fizz.

ça fait au moins trois mois que je n’en ai pas bu, j’adore ça. Je récupère le sucre au bord du verre avec mon doigt. J’adore.

Je sais, je traîne. Bon. On discute un peu, et tout d’un coup abruptement Hedwige me dit : Bon écoute, j’en ai marre, c’est vrai (je ne lui ai rien dit, son « c’est vrai est purement rhétorique), j’en besoin d’en parler. Alors je vais t’en parler. (Naturellement, je suis dévorée de curiosité).

Elle se redresse et me dit :

– Bon j’y vais. c’est pas facile. D’abord il faut que tu saches que je me sens con. Très con. Je SAIS ce que tu vas me dire.  Alors, le truc c’est c’est que (elle boit une gorgée et me dit) : je suis amoureuse.

(…….)

9 réponses à “Hedwige : gin tonic et pommes sarladaises, entre autres

  1. ouaaah quelle chute ! je suis presque déçue mais non…
    hedwige est trop cool

  2. mais elle est amoureuse de qui ? de toi ?

  3. Oh la révélation! La suiiiiite, je me meurs.

  4. hihi…
    heureusement que t’es dans mes RSS, ça m’évite les va-et-viens 🙂

  5. Cé pa drole hin kom sa, sa mdone envi décrir en sms lol mdr.

    cé de ki kel è love, di ?

  6. Trop forte!!! j’attends la suite!…..

  7. Elle est amoureuse ? Mais ce n’est pas honteux, ça… Enfin, si, si c’est quelqu’un d’autre que Gaël, sachant que tu es son amie ; mais bon, justement, tu es son amie, ça tombe bien.

    Finalement, comment étaient les sarladaises ? 😉

  8. (Je me suis embrouillée ; par le premier « son amie », j’entendais « l’amie de Gaël », par le deuxième, « l’amie de Hedwige ». Ah, il se fait tard hein…)

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