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Réveil métaphysique

Je me réveille avec l’impression que l’on braque un projecteur dans mes yeux depuis des heures ; peut-être même ai-je l’impression fugitive qu’un enquêteur de la CIA, gaulé comme Bruce Willis jeune, et flanqué de Brad Pitt, essaie deme retourner les paupières. J’émets de bredouillantes et baveuses protestations, tout en agitant (ou en rêvant que j’agite) les bras.

Un oeil s’entrouvre, et pas de Brad Pitt, ni de Bruce Willis. Le projecteur, c’est le soleil. Foutre dieu, comme aurait dit Musky, je vis à Paris, et le jour où j’oublie de fermer les volet, il y a du soleil. Je me dresse brutalement sur le lit, TRES MAUVAISE IDEE, une barre de fer me cogne le crâne, çan’est toujours ni Brad ni Bruce, mais le vin blanc. Aie.

– K’fé, bavé-je à moi même.

Hana a disparu. On dirait. Je ferme les volets. Aaaaah. Pénombre douce à mon nerf optique, surtout le droit. Où le café ? Où est la machine à café ? Où sont l’eau ? Non, l’eau, il n’y en a qu’une. Robinet ?

– J’ai fait du café si tu veux, claironne une voix stridente qui s’avère, décodage effectué, être celle d’Hana.

– Chut, dis-je.

– Tu crois que Sandra a passé une bonne nuit avec Jean-Pierre ?

Ça me revient. Jean-Pierre. Ah oui. Kafé. Café, je veux dire. Sandra. Ah. moi, j’en étais restée à Hana, mais elle, pas. Bon. Je lui voue momentanément un amour intense, aprce qu’elle m’a fait du café sucré. Elle dit des mots, qui tombent sur le plancher de sa chambre comme les perles d’un collier. Les rues klaxonnent. A travers la fente d’un volet, une fenêtre scintille dans mon oeil, exprès. Le vin blanc après le rhum, c’est mal. Je me demande si je vais acheter une machine à vapeur.

Et pourtant, peu à peu, comme chaque matin, quoique moins vite, le réel se remet en place. Enfin, ce qu’on en perçoit. Mais je n’investigue pas plus intellectuellement, il est trop tôt. La lumière devient un petit doleil parisien ; on entrouvre la fenêtre et on se concentre sur les trois jolies boutiques du coin de la rue en bas, qui nous font un bout d’ambiance à la Amélie Poulain. Il me revient que leurs pains au chocolat, dégoulinants de gras, avec une croûte sucrée, sont excellents, et j’entame un débat avec moi même pour savoir si je vais descendre en acheter.

Hana me regarde avec curiosité et soudain, non seulement j’entends sa voix, mais je comprends les mots : elle dit :

– Eh ben. Tiens, y a des pains aux chocolats.

– Oh ! (je coasse) D’en bas ?

– ben ouais, je vais pas aller les chercher sur le boulevards, surtout qu’elle est fermée.

– je vais t’épouser, dis-je avec ravissement.

-Ah non, dit-elle. Tu ronfles. Et elle ajoute : Tu vas l’appeler, Sandra, pour savoir ?

 

Chez Hana

On n’est pas toujours aidé, disais-je, et ce d’autant qu’Hana habite dans un immeuble, à un certain étage ; je ne sais plus si c’est le troisième ou le quatrième, mais ça tourne, ça, je m’en souviens. Je monte, sans lâcher la rampe, à la recherche de la porte d’Hana, facile à reconnaître car elle décore toujours ses portes avec un petit panonceau annonçant son identité d’une façon fort originale. Le panonceau finit par se présenter, ses prénom et patronyme y sont calligraphiés et entourés de dessins de types mangs, en noir et blanc.

– Je t’ai entendu mais attends, me crie Hana, dont la voix semble provenir, curieusement, du plafond. Je ne peux pas ouvrir.

Ah bon ; je m’assieds dans les escaliers, me préparant à patienter ; la minuterie émet un étrange grésillement, et s’éteint, avec un « bong » surprenant ; dans le noir, je médite ; dois-je me lever pour rallumer ? ou attendre dans le noir ? Et si je m’endors, dans le noir ? Et si des bêtes ( des petites, mais pas sympas) grimpent sur moi sans que je m’en rende compte ?

Je me lève, étends la main,  rallume, autre bong, grésillé sur la fin, émis par la minuterie.

J’informe aussi Hana d’une envie pressante, qui se manifeste soudainement.

Hana ouvre la porte. Elle tient une housse plastifiée dans les bras.

– Je faisais du rangement, explique-t-elle. Je vide mon placard d’au dessus de la porte et j’y mets les affaires hors saison.

– A cette heure-là ? m’étonné-je.

– Je me suis levé tard, explique Hana. Mais j’ai du vin aussi.

Rassurée, je me précipite dans sa petite salle de bain, typiquement parisienne, où règne un pandémonium invraisemblable. De retour dans le coin salon, je constate qu’elle range, en effet : des vêtements sont étalés partout sur le canapé lit, déployé, les chaises pliantes, dépliées aussi et son lit. Elle termine de faire rentrer à coups de poing une housse remplis de vêtements dans le placard au dessus de sa porte, enroule un tendeur élastique autour des poignées du placard et descend de la chaise en soupirant.

– Pff, j’en ai marre, fait-elle. Tu m’aides ?

Il s’agit de remettre les vêtements étalés partout sur des cintres, le plus vite possible. Hop, hop, hop. Quand c’est fini, on enferme tout dans la penderie, Hana affirme que voilà une bonne chose de faite et qu’elle peaufinera ultérieurement, et nous nous affalons sur les chaises, verres de vin à la main.

– Mais toi qui est toujours top, lui dis-je soudain, tu gardes des vêtements d’une saison sur l’autre ? Ça ne se démode pas ?

Hana me regarde avec une bienveillance aimable.

– Ce que je garde, ce sont les basiques, dit-elle.

Ah, voilà : j’eusse du y penser.

– Ah oui d’accord, dis-je.

– Alors ? fait Hana (qui connait un peu Sandra). Tu as laissé Sandra avec une conquête ?

Comment retrouver sa voiture le soir à Paris dans les petites rues ?

C’est incroyable. Depuis mon dernier post je me sens comme une intégriste du fer à repasser. Tout juste si je ne mène pas une réflexion sur le sujet.

Et je ne peux m’en prendre qu’à moi même si je me suis retrouvée là. La méfiance, la prudence auraient du me dicter ma conduite. Mais, telle l’hirondelle glissant sur la brise tiède, une sorte de fatalisme mou m’a saisie … Voilà. Le fatalisme mou. Nan. Jamais. Exigez l’excellence.

Lors, nous descendîmes, en devisant, et en allant un peu de travers, les escaliers qui tournaient plus qu’à l’aller, les fourbes. Et puis, ayant traversé le hall et appuyé sur tous les boutons pour ouvrir toutes les portes, nous nous retrouvâmes dans la rue. Parisienne. La nuit. Ça me donne toujours la pêche. Aha, me dis-je toujours plus ou moins. A nous deux Paris. (ou quelque chose comme ça).

D’un oeil plutôt mauvais, j’observais Sandra écoutant le barbu pérorer sur le fait qu’il avait (prudemment) noté le lieu du parking sur son smartphone. Une fois il ne l’avait pas fait et il avait tourné dans les petites rues de Paris, traitresses. Mais depuis, il avait, malin comme tout, téléchargé la petite application qui va bien. Et voilà. Et depuis, même un peu parti, il retrouvait toujours sa voiture.

Sandra trouvait manifestement l’idée aussi formidable que celle de la centrale vapeur, et le barbu était tout faraud de l’épater. Un homme avec un téléphone… Non allez je ne dis rien. Je n’ai rien contre les téléphones, mais les conversations dessus, c’est comme quand on parle de centrale vapeur, ça me gonfle.

J’ai qu’à faire gaffe avec qui je sors. C’est tout. La prochaine fois, je reste chez moi à twitter.

Bref, petit Poucet 2.0, le barbu – qui s’appelle Jean-Pierre –  nous guide jusqu’à sa voiture, pendant que je me demande chez qui je pourrais lui demander de me déposer….

 

(Note : dsl je ne connais pas le nom de l’appli, je dis ça au cas où).