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Lendemain d’élections

Evidemment, je ne parlerai pas de Marine Le Pen, ça me démoralise trop, je ne veux même pas en entendre parler, j l’ignore, d’autres personnes font ça très bien.
Non, moi, mon gros sujet de réjouissance, c’est que Sarko s’est pris une pelle. On avait beau s’en douter – et on est bien d’accord, que, comme disait brel, « il y a la manière », et lui il ne l’a pas, et avec Hollande, nos vies n’en seront pas transformées. Sauf, bien entendu, si on s’appelle Françoise Hardy ou Liliane B. Mais il n’y en a pas dans ma famille.

On avait beau s’en douter, certains n’y croyaient pas. Ils sont de droite dans ma famille, par principe, parce que c’est comme ça, ou parce que les socialisses c’est des méchants, responsables de tous les maux de la France (tous, tous)(même si la droite est au gourvenement depuis 2002, c’est la gauche qui a tout fait mal, il faudrait que je note certaines réflexions).

Ils n’y croyaient pas, et pour certains, ils trouvent que Sarko, même s’il n’a pas trop la manière, il se donne du mal. Parfois, on a un peu l’impression qu’ils vont lui envoyer des chocolats pour le remercier de tout ce travail qu’il fait à l’élysée. Ils me font penser aux militants qui disent sans rigoler que sans lui, c’est le chaos qui va s’installer.

Eh bien, ce matin (j’ai passé deux trois coups de fils inquisiteurs) (en parlant d’autre chose), c’était tristesse et désolation. Pas les chars russes, non, mais la fin de la France, la dégringolade économique, la crise, des étrangers partout partout, l’Islam, les valeurs de la France piétinées, bref, la fin du monde.

Ça m’a fait de la peine. J’ai tenté de raisonner. Tante Marie Hélène tremble, dans son 106 m2 vue sur Seine. Elle tremble au premier degré, elle est persuadée qu’elle va mourir des impots. Sera-t-elle obligée de vendre sa maison de Touraine ? J’y ai dit que non, mais elle a un doute. J’ai tenté de faire remarquer que même avec Mitterrand (haï tout particulièrement), personne la lui avait prise, sa maison de Touraine, voyons. Mais là c’est pire ! C’est la crise ! Ils vont vendre nos maisons pour donner aux banques ! Bon. J’ai pas bien tout compris la cohérence. Mais j’ai pouffé, je dois dire. C’est pas charitable envers une dame qui m’invite à deguster des tartes au citron super bonnes. Je vais lui rapporter des chocolats pour apaiser ma conscience la prochaine fois.

Mon oncle Guillaume faisait la gueule aussi. Il exècre tout ce qui est socialiste, sauf le mari de ma tante Marie-Rose, qui a une sorte de dérogation (il est prof, selon mon oncle, à qui les idées reçues ne font pas peur) (et il est con, toujours selon mon oncle, mais bon, on l’aime bien quand même). Sa détestation des socialistes se borne à relater les frasques politico-administratives des élus locaux de gauche. Il a donc soupiré en me disant : Tu es contente, hein ?
– Oui, lui ai-je répondu.
– Faut dire aussi. Il a merdé une semaine ! s’est-il écrié, vibrant. Une semaine ! Il l’a payé 5 ans (ton accablé, force du destin, etc).
– Oh, tout de même. Plus d’une semaine.
– Mais non ! Mais non ! C’est là que tout le monde se trompe ! Et maintenant, on va retomber dans les griffes des Enarques !
Mon oncle n’aime pas les Enarques.

Il m’a fait de la peine.

En revanche, côté copains, c’était plus gai. J’étais chez Faustine (réconciliée avec Brani), avec Hana. On a bu du pétillant de Touriane en poussant des cris de joie. Brani, après plusieurs verres de pétillant, nous a informé avec émotion qu’il retrouvait la France dans ce vote. Le pauvre ne comprend rien du tout, ou alors c’était du 2ème degré (ça m’étonnerait tout de même), avec l’autre à quasi 20, je me demande avec des sueurs froides quelle France il croyait retrouver. C’était aussi une façon d’être aimable. Hana nous a informé que le Français n’était pas raciste. Bon. Elle nous a fait une brillante analyse de ce vote que l’on déteste tant. (celle qu’on peut lire partout, le vote merde, le vote ras le bol, et la frustration légitime de plein de gens, elle pensait à ses parents – d’origine, justement, étrangère – ou amis de ses parents).
On a quand même failli s’engueuler, parce que cette bobo de Faustine, drapée dans une dignité qu’elle sort un fois par an, nous a informé que le racisme c’était mal. Et que les votes FN sont des votes de facho qui devraient tous rougir, etc. On a été obligé de s’en tenir là, tant la conversation menaçait de mener dans le fossé, et en rentrant avec Hana, elle m’a dit qu’entre la xénophobie populaire et le paternalisme pontifiant des bobos, elle ne savait pas ce qui lui donnait le plus envie de vomir.

Il va falloir s’empêcher fort de basculer dans cette vison manichéenne et conne des choses, les gentils contre les méchants. Supporter des grosses têtes qui font faire en plus sirupeux une politique similaire à celle de Sarkozy. Et bien penser au yacht, à la rolex, et au Fouquet’s, pour savoir contre qui, à défaut de pour qui, on vote.

Il engage un tueur à gages et se met d’accord pour porter la culpabilité du meurtre préparé sur… un chat

Ça s’est passé à Pontoon Beach, Illinois, et ça n’aurait pu se passer nulle part ailleurs. NON, ça n’est pas un scénario de Tarentino ni de Robert Rodriguez. Quoique…?

Le lieu où se déroule cette histoire hallucinante, chers lecteurs, c’est bien évidemment les Etats-Unis. Et, une fois de plus, il nous permet de vérifier l’assertion a priori déconcertante d’Oscar Wilde lorsque, sortant d’un thé chez sa tante au bras de son meilleur ami de l’époque, il s’écria : Ce n’est pas l’art qui imite la vie, c’est la vie qui imite l’art. Ce à quoi nous pourrions ajouter dans un soupir : et elle l’imite bien mal.
L’art auquel nous pensons en l’occurence, c’est celui des thrillers américains ; si tant est, dira-t-on, qu’il s’agisse d’art, et l’on peut en effet en discuter, mais ultérieurement, car pour l’heure, l’urgence est à la relation de cette délicieuse histoire. On rêve à ce que Robert Rodriguez et Quentin Tarentino pourraient tirer d’une histoire aussi aberrante et délicatement sordide.
Qu’on en juge. L’histoire commence pourtant classiquement. Un filou scélérat fomente l’enlevèment, le vol et le meurtre d’un particulier pécunieux, qui se trouve être l’amant de sa femme.
Rien que de classique. On n’est pas perdu. Les ennuis de notre tueur commencent en fait, à son insu, parce qu’il sollicite l’aide de l’un de ses ami pour mettre son forfait à exécution. Le tueur à gages est un homme qu’il connait depuis des années et en qui il peut avoir toute confiance : en liberté conditionnelle, a été jugé coupable de meurtre au second degré et d’agression sexuelle.
Le tueur potentiel expose donc son plan à l’ex-détenu : une fois la victime sous contrôle, le tueur la fera entrer dans un jacuzzi, puis l’électrocutera en jetant dans l’eau une radio, après quoi il jettera le chat dans la baignoire pour faire croire à un accident.
Mais ce que l’infâme ignore,…

Lire la suite sur l’excellent blog de Gwendal Perrin.

Ils ont Free, qu’ont-ils compris ?

En tout cas, Xavier Niel, lui, il a vraiment compris : les utilisateurs lui pardonnent tous les couacs, parce que son initiative va vraiment faire baisser les tarifs.

Appremment, tout ne se passe pas comme un long fleuve tranquille dans le petit monde de Free. En fait, des retours extrêmements négatifs sont en train de me parvenir.

Moi, j’ai pas bougé : j’attends toujours un peu avant de changer, et je me suis dit qu’essuyer les plâtres, ça n’était pas une bonne idée.

Mes collègues non plus n’ont pas trop bougées, sauf Isabelle, qui s’est évidemment précipité, au son de « ah, moi, Free, je ne sais pas comment ils font mais j’y vais ».

Elle s’est précipité sur le site de Free le soir du 10 janvier, direct, mais ça n’a marché que le lendemain. Ensuite, elle n’a pas encore reçu sa carte Sim, et elle n’est pas la seule. Sauf que la portabilité, elle, a déjà été effectuée : c’est à dire que l’ancien opérateur a bien transféré la ligne à Free. Oui, mais sans la nouvelle carte Sim, Isabelle ne peut pas faire grand chose…

Mon copain Ben, même histoire. Son patron a pris trois lignes d’un coup, trois lignes pro. Le copain, chef de l’entreprise, abonné Free ADSL, croyait être servi dans les premiers. Mais non. Résultat, ils se retrouvent sans téléphone pro. Ça ne fait pas très pro. Résultat, la ligne perso de Ben, leur sert, ils ont ransféré la fixe dessus… bref, c’est le bordel.

Et ma copine Faustine, elle, a reçu la carte Sim, mais son compte utilisateur ne marchait pas. Elle est tombée sur des gens charmants, mais son dossier avait disparu : il fallait un certain temps pour le retrouver, elle a rappelé plusieurs fois de suite, son dossier a reparu, puis disparu, les délais d’attente étaient terriblement longs, au téléphone (15 minutes, après quoi elle a raccroché). Aujourd’hui, elle est encore carrément dans le flou.
Mais savez vous quoi ?????? Sont-ils mécontents, ces gens ? Non, ils ne le sont pas.
Non car ils sont conscients que tout le monde doit appeler en même temps. L’effet de rush leur parait normal, ils en excusent Free. Ils ne se disent pas qu’il aurait pu prévoir le coup, s’organiser, non, point du tout. La logique, c’est que Xavier Niel est un saint, un apôtre, quasi un bienfaiteur de l’humanité. Il a donné un grand coup de pied dans la fourmilière, il a tout fait bouger, alors on l’aime.

Faustine m’a dit, je cite, et j’ouvre des guillemets :  » Au fond, ça me fait une petite cure sans téléphone et ça n’est pas si mal. »

Je l’ai entendu et j’ai cru m’étrangler, m’étouffer, mourir, je ne sais pas.
– Attends, lui ai-je dit. On te coupe l’électricité, et tu dis : Au fond, se préparer son repas au feu de bois, ça remet les idées en place.
Faustine me regarde avec commisération :
– Mais ça ne va pas ??? L’électricité c’est vital, pas le téléphone.
– Attends, il y a six mois, quand ton copain a cassé le sien, qu’il t’a emprunté le tien et qu’il a mis dix jours avant de t’en racheter un, tu as failli le quitter, sous prétexte qu’il ne te respectait pas en tant que personne.
– Mais ça n’a rien à voir !
– Ah ??????
– Il n’avait pas des millions de nouveaux abonnements à gérer !
– Ah oui.
– Free, s’écrie Faustine, avec l’ardeur du prosélyte, nous délivre du racket des opérateurs classiques ! On peut bien attendre quelques jours, non ?

Free nous délivre du racket des opérateurs classiques. Manquerait plus qu’il multiplie les amuse gueule en organisant des giga teufs pour ses fidèles clients, et ça me ferait penser à quelqu’un d’autre.
Vu comme ça, évidemment, ça change tout.
Xavier Niel, il a tout compris.

Perte du Triple A : don’t panic, Sarkozy relativise !

Au boulot, on est toute un peu triste de la perte du Triple A. Ça fait tout drôle. On s’est demandé si tout allait être changé dans notre vie, mais non, pas du tout.
Le métro est le même, les usagers ont la même tête que d’habitude, bref, on croirait que tout va toujours bien.
C’est dingue.
Et puis j’ai vu ce que le Président a dit à Madrid, et franchement, on s’est demandé si la perte du Triple A valait toute cette mise en scène dramatique.
Encore un coup des médias qui nous mentent, les fourbes.
En fait, c’est pas grave du tout.
Nicolas Sarkozy, en déplacement à Madrid pour recevoir la Toison d’Or, soit la plus haute distinction espagnole, a répondu à un journaliste qui l’interrogeait sur la perte du triple A qu’« en France, ce ne sont pas les agences de notation qui doivent définir les politiques économiques ».
Pourtant, vu le barouf autour de ce triple AAA, j’eusse cru que si, précisément.
J’ai informé mes collègues de travail, immédiatement, et j’ai bien senti que le soulagement les faisait se tenir plus droites, le menton haut, sur leurs chaises, et que le poids de ce triple A perdu se retirait de leurs épaules.
Je leur ai lu la suite de l’article : notre Président en appelle à la « mesure » et au « sang-froid ». Oui, car les avis des agences de notation sont des « éléments intéressants sur lesquels il convient de ne pas exagérer ». Sans plus. Ouf.
Il en a profité pour rappeler que cette crise « sans précédent nous impose de réduire nos dépenses, nos déficits et de retrouver le chemin d’une nouvelle croissance en résolvant les problèmes de compétitivité ». Gaby, qui n’est au fond qu’une affreuse gauchiste, a émis des gloussements amers et sceptiques.
Mais même Rajoy, le nouveau chef du gouvernement espagnol, était d’accord. Il l’a dit dans sa conférence de presse. Il a annoncé son appui pour la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, chère à Nicolas Sarkozy, sauf qu’on n’a pas bien saisi s’il inclinait vers le calendrier français ou allemand. « L’Espagne doit conserver son poste à la BCE [Banque centrale européenne] », a-t-il aussi affirmé. Selon plusieurs médias, les Pays-Bas et d’autres pays essayent d’empêcher l’Espagne de garder ce siège quand le mandat de José Manuel Gonzalez-Paramo se terminera en juin 2012. Nicolas Sarkozy a promis à l’Espagne le soutien de la France sur cette question.
Le Président français a également évoqué «ceux qui se trouvaient tellement bavards vendredi et ceux qui sont tellement silencieux lundi», c’est à dire les gauchistes (hein, Gaby ?) qui se sont «réjouis» un peu trop vite, selon lui, des mauvaises nouvelles du week-end. Car, le fait est que les marchés n’ont pas réagi négativement lundi en attaquant l’euro. Et il a aussi rappelé que « deux agences sur trois » soutiennent la France.
Pour se remonter le moral, on a relu son intervention de dimanche, relayée par la Pravda le Figaro, dimanche. «Depuis que nous sommes dans la bourrasque de la crise, je ne trouve pas d’autre guide à l’action, dans ces temps troublés, que vérité et courage», a-t-il dit, à Amboise ce dimanche. «C’est une épreuve. Il faut l’affronter. On ne répond pas à la crise de cette ampleur par l’agitation, l’emportement et la polémique. Pour ma part, à l’occasion de ce sommet de crise, je dirai la vérité aux partenaires sociaux le 18 janvier. Je parlerai aux Français à la fin du mois. Je leur dirai que, comme en 1958, la crise peut être surmontée pourvu que nous ayons la volonté collective et le courage de réformer notre pays.»
Dimanche, le mot courage a été prononcé sept fois. SEPT FOIS. A la fin du mois, m’est avis qu’on va avoir droit à du sang et des larmes dans le discours…

Dîner chez Ben

Un soir, j’ai bien senti qu’il fallait que je fasse un truc pour Hana, qui, de retour de son boulot (de la gestion dans un grosse boîte dans une tour de la Défense, un travail où il lui faut être la meilleure, la plus forte, subir la concurrence de pleins de mecs qui savent se mettre en valeur, alors qu’elle lutte pour être capable de revendiquer ses réussites, le tout bien habillée et dans une boîte qui la traite comme un pion, même si elle dit que c’est tout à fait normal, c’est le système qui veut ça), se met au lit devant How I meet your mother en mangeant des Häagen-Dazs ou des Ben&Jerry’s. Ça ne pouvait plus durer. J’étais triste pour elle. Un soir où Ben m’avait invité à manger des pâtes chez lui, je lui ai demandé la permission d’amener une copine triste.

Il a dit OK, Ben, il est cool. Je me suis retrouvé dans le 12ème avec une Hana chic et classe comme elle peut l’être, bijoux legers, maquillage discret. OK. Hana qui me disait : « Tu ne trouves pas que j’ai grossi ? »

Moi, épouvantée (elle a grossi et ça se voit) : « je ne sais pas, tu sais, je ne suis pas très observatrice ». Surtout que je la trouve jolie comme tout, mais les hommes aiment-ils les filles très maigres ? Hana est-elle moins jolie avec ses kilos ? Elle est moins jolie avec son air triste, mais les kilos ne me choquent pas. Selon Helga, de totue façon, je ne vois jamais les kilos en trop de mes amies : et c’est exact, je regarde toujours leurs yeux.

Mais là, j’avoue qu’Hana a grossi, et je ne sais pas si je le vois parce que ça se voit ou parce que, comme elle ne parle que de ça, je fais plus attention.

Ben nous accueille avec son air habituel, l’air de se réveiller tout juste, en jean et t-shirt avec un dessin ridicule, alors qu’il rentre du boulot, comme tout le monde. Naturellement, rien n’est prêt, mais il a du vin blanc et nous installe dans son canapé, qu’il débarrasse de son linge sale en un clin d’oeil, pour qu’on se sente à l’aise. On s’enfonce dans son canapé, dont on n’est jamais sûr de réussir à se relever.

– Il fait quoi dans la vie ? me demande-t-elle alors qu’il s’affaire dans sa cuisine.

Je suis générale : il est informaticien.

A Hana, on ne la lui fait pas. « ça ne veut rien dire »

– J’y comprends rien, à ce qu’il fait, dis-je.

– Bon, OK, dit Hana.

Ben n’avait pas rien fait, il avait bel et bien préparé les pâtes. Après les avoir mise à cuire, il est venu avec nous dans le salon.

– Vous voulez des cacahuètes ?

– T’as pas plutôt des chips ? ai-je demandé.

– Non, a fait Ben, navré. J’ai des cacahuètes et du fromage, et de la sauce pour les pâtes.

– Ah si tu as du fromage, je peux faire un truc avec, a dit Hana. Mais tu as peut-être besoin du fromage pour les pâtes ?

– Comme tu veux, dit Bem décontenancé, il est incapable de dire non dans ce genre de situation.

Assis dans le canapé, on regarde Hana faire des trucs dans la micro cuisine bordélique de Ben. Elle a juste besoin d’une poêle et de fromage, heureusement, plus, on n’aurait jamais réussi à s’en sortir.

Elle revient avec une sorte de crêpe de fromage (elle l’a fait fondre dans la poêle et ça fait comme une dentelle très fine de fromage). On mange ça en disant que c’est super bon. Ça a l’air de lui faire plaisir, mais on ne sait pas, avec la tête qu’elle fait.

Ça a été dur pour entretenir la conversation avec Hana. Elle n’était pas dedans, et Ben en était désolé. On s’est mis à parler d’amis communs, de son ex-boss, François, qui avait épousé sa copine avocate, mais c’est une autre histoire. Hana buvait son verre en regardant devant elle. De temps en temps elle consulte son Iphone. Elle m’agace, OK, elle n’apprécie pas des masses Ben, je comprends, mais ne pourrait-elle pas faire un effort ? Ben, pendant ce temps là, se met en quatre pour lui être agréable. Il a même deviné qu’elle préfèrera dîner à table (un sens de la psychologie bat sous le t-shirt pourri) et a entreprise de débarasser sa table, encombrée d’objets hétéroclites.

Hana se rend bien compte qu’il fait des efforts, le Ben, pour être mondain, et elle enf ait aussi. On s’assoit autour de la table ronde, sur laquelle Ben a disposé des serviettes multicolores pour faire set de table, et des kleenex qui font serviette. Et la conversation roule sur les films qui nous ont frappés dernièrement, conversation animée par Hana qui a vu tout ce qu’il fallait voir et entreprend de nous convaincre qu’Intouchable n’est pas si téléphoné que je le lui affirme.

– Tu ne l’as même pas vu, dit-elle, je ne vois pas comment tu peux en parler.

Ce qui est exact (j’ai un a priori terrible sur ce film), et du reste j’abonde dans son sens, vu qu’elle se déride et que c’est un peu plus sympa comme ça.

Les pâtes de Ben sont excellentes, je n’en attendais pas moins, Hana est ravie, elle craignait peut-être ce qui allait sortir de la cuisine, en se basant sur le reste de l’appartement. De mon côté, je me sentais assez en forme, et avec Ben, on est allé regarder des vidéo sur son PC, perdant du coup dix points de crédibilité (mais on s’est senti drôlement bien), sauf quand on a mis des vidéo de Noir Désir, ce qui a rameuté aussi sec Hana.

Evidemment, on n’est pas resté très tard. J’ai promis à Ben de revenir deux jours après. On a descendu les escaliers en bois patiné sur le tapis rouge élimé. Poussé la petite porte pourrie qui mène à la cour, traversé la cour, on est sortie dans la rue. Hana a sorti son iphone. Quand elle l’a rangé, c’était pour me dire :

– Tu le connais depuis longtemps, Ben ?

– Deux ans, trois ans.

– Mmmm.

Bon, Eh bien, c’était une soirée ratée. Essayer d’aider les amis…

 

Les soldes

Les soldes.
Le savez-vous ? Ce sont les soldes.
L’avez-vous noté ? Ce sont les soldes.
Ne l’oubliez pas ! Ce sont les soldes.
Mais enfin, qu’est-ce qu’on peut en avoir à faire ? Quelqu’un peut me dire pourquoi il faut que les médias les suivent pas à pas ? Dépensera-ton plus (que l’année dernière) ? Dépensera-t-on moins ? Faut-il dépenser plus ? Faut-il dépenser moins ? Les soldes seront-elles bonnes ? Ne le seront-elles pas ? Tout ce que vous avez TOUJOURS voulu savoir sur les soldes sans JAMAIS oser le demander….
Aux dernières nouvelles, sachez-le, elles ont bien commencé. MAIS – attention, pas de fausses joies – elles pourraient mal finir, ou du moins ne pas être à la hauteur des espérances que d’aucuns ( les commerçants ? Les hommes politiques pour qu’on aprle d’autre chose que de la crise ?). La face du monde en serait changée. A tel point que ça vaut vraiment le coup d’aborder le sujet, vraiment…
Oui, on va faire les soldes, au cas où on trouverait quelque chose d’intéressant. Avons-nous besoin de la télé pour le savoir ? Ça nous fait quoi de savoir que la dépense moyenne par français est de 224 euros ou 244 ?
Je ne sais pas…. En tout cas je vais les faire, ce week end, samedi matin, demain matin, quoi, eh oui… Rien de plus fringant, rien de plus nerveux que ça. Je les fais par acquis de conscience (une bonne affaire qui trainerait….), mais je ne réussis pas à me motiver plus que ça.
Enfin, hier, j’ai acheté des collants en souhiatant bénéficier des soldes mais la paires choisie n’était pas en solde. Zut. J’ai regardé dans les paires en soldes, non, il n’y avait rien pour moi.
Avais-je besoin de collants ? Oui. Alors j’ai acheté. Dans ce cas-là, je me pose la question : est-ce que ça compte comme un achat solde ou pas ????

Attention désinfo : Hollande n’a JAMAIS DIT que Sarkozy était un #salemec tout nu sur une page du catalogue pour enfants en ligne de #laredoute

Ou comment le #salemec et #laredoute ont pimenté notre journée de boulot.

Ça a commencé doucement, en fait, on n’a rien vu venir. On bossait. On ne se parlait même pas. Mais au bout d’un certain temps de travail intense, j’ai fini par noter le topic, qui m’a attiré l’oeil. Sale mec, Hollande, Sarko, Morano, excuses, UMP, toussa.

– Eh les filles, y a Hollande qu’a dit que Sarko c’était un sale mec, ai-je dit pour détendre l’atmosphère, qui commençait à devenir nettement travailler trop pour gagner des clopinettes en plus du loyer. En plus, c’était l’heure d’aller déjeuner.

– Enfin ! a dit Gaby. Ça commence à devenir intéressant.

– Pff, a dit Diva. Ça lui va bien à Hollande, de dire ça. C’est un hypocrite.

– Mais ce que je pige pas, ai-je dit, perplexe devant mon écran, c’est que il y en a qui disent qu’il l’a pas dit.

– Dégonflé, a dit Diva. Il le dit, pis après il dit qu’il l’a pas dit.

Gaby a grogné des trucs en jetant un regard noir à notre estimée collègue.

C’est alors qu’Isabelle est intervenue : « Mais qu’est-ce que tu racontes ? Le sale mec, c’est un mec tout nu sur le site de la Redoute.

– Mais de quoi tu me parles ? ai-je fait. Quoi, la Redoute ?

– Il y a un mec tout nu sur une photo dans la partie enfant du catalogue la Redoute.

– Mais pas du tout, c’est Sarko qui, selon Hollande….

– .. est tout nu dans le catalogue de la Redoute ?

On a toutes pouffé de rire. Après ça, il était difficile de travailler. Surtout qu’il était près de midi, ça sentait la pause de midi et le Chinois. Il fallait absolument éclaircir le sujet ASAP.

– Il y a, a protesté Isabelle, un mec nu dans le cataloge de la Redoute. J’en suis sûre. Je l’ai vu sur facebook.

– Et moi, j’ai vu passer des trucs à propos de sale mec sur twitter, mais c’était Sarko, dis-je ne googlant furieusement.

– Franchement vous me faîtes de la peine, a dit Gaby, à vous agiter comme ça pour des conneries.

– Ouais, a dit Diva, qui a essayé de se connecter à sa page Facebook en douce pour voir de quoi il retournait. On le sait, parce qu’elle a écrit son mot de passe sur un papier, mis le papier dans le tiroir et elle ouvre le tiroir à chaque fois pour se connecter. Ensuite, elle regarde deux fois le papier, parce qu’elle oublie son mot de passe.

– Bon alors les filles c’est pas compliqué, leur expliqué-je, d’abord, en phase 1 : le Parisien sort un article à propos d’un off durant lequel Hollande a dit, je cite : « Pour Hollande, il n’y a pas de mystère : c’est bien le chef de l’Etat, « un président en échec », « un sale mec », qui se cache derrière les formules de l’UMP. »

– Pff, fait Diva.

– Eh ben alors ? dit Isabelle. Il l’a dit, et puis c’est tout.

– Attends, fais-je. Du coup, forcément, l‘UMP s’offusque et crie au scandale.

– Ah ah ah ! Forcément ! s’écrie Gaby. Il n’y a que la vérité qui blesse.

– Ils exigent des excuses, etc.

– Mais POURQUOI il l’a dit ?

– Sûrement parce qu’il était tout nu dans le catalogue de la Redoute, a soupiré Gaby. C’est évident, voyons.

– C’est un coup d’Internet, a dit Diva. Ces petits jeunes qui respectent rien.

– Ouais, a dit Gaby, mais tu as vu, on va les mettre en prison très tôt, maintenant.

– Quel rapport avec la Redoute ? a dit Isabelle.

– J’ai faim, a dit Gaby. On va au Chinois ou merde ?

– Ou merde, ai-je dit, je suis trop curieuse, acheter moi un sandwich, ça me fera des économies et je vais éclaircir ce truc de salemec tout nu.

– Moi pareil, a dit Isabelle. Tu m’énerves avec Sarkozy tout nu, c’est ma soeur qui m’a envoyé un message facebook, elle m’aurait parlé de Sarko.

– Ta soeur est sarkozyste, alors s’il se balade à poil sur un plage avec des gosses elle dira rien.

– Ah ouais, ouais, tiens, peut-être, ouais, carrément, a fait Isabelle. C’est très drôle.

– Le mec tout nu c’est pas du tout Sarko, a dit Diva. Vous êtes nulles. Isabelle a trouvé la photo.

– Il est 13h30 et j’ai faim, a dit Gaby, pendant qu’on se précipitait toutes sur l’écran d’Isabelle pour voir ça.

– Mais pourquoi il y a un homme à poil sur le site de la Redoute ? a fait Diva, visiblement ébranlée.

– Je te lis un article de Libé, a dit Isabelle.

– Ouais Libé forcément, a fait Diva.

– Ça ne te va pas ?

– Si si si, vas-y.

– Sur son compte twitter, lit Isabelle, La Redoute explique qu’elle «présente ses excuses pour la photographie publiée sur son site et fait le nécessaire pour la supprimer». Dans un mail, Emmanuelle Picard-Deyme chargée de la communication de la Redoute a également expliqué à next.liberation.fr qu’«une enquête est menée en interne afin de comprendre comment cette erreur a pu se produire». Pour l’instant (mercredi 13h06), la photographie est toujours en ligne.

– C’est quand même bizarre comme erreur, a dit Diva.

– Bon, vous me faites chier, je vais chercher des sandwich, a fait Gaby, et elle est partie, dans un grand effet de châles.

– Donc ça, a fait Isabelle triomphante, c’est ÇA le sale mec.

– Mais non, le sale mec c’est Sarko. C’est Hollande qui l’a dit, je viens de te lire l’article, t’es sourde ?

– Mais arrête, a dit Isabelle. Me dis pas qu’ils vont s’insulter comme ça pendant la campagne ?

– Je sais pas, je ne dis rien, je suis le truc, c’est tout.

Après quelque temps, Gaby revient avec les sandwichs. Je leur résume l’histoire du salemec.

– En fait, la citation est très discrète dans l’article, elle est au milieu de toutes sortes d’autres infos, mais un grand reporter du Parisien l’a twitté tôt ce matin : Hollande a traité Sarkozy de « sale mec ».

– Eh ben voilà, soupire Diva, c’est internet, c’est toujours pareil.

– NON, non, arrête, dans un article d’@si ils expliquent que cela a été repris sur BFM – UNE CHAINE DE TELE, Diva, d’accord – et que… Attends je te lis l’article (note : il n’est plus accessible gratuitement aujourd’hui) : A BFM, on nous explique que c’est tout simplement en lisant Le Parisien qu’on a décidé de traiter l’information. « Au conditionnel et avec la source Le Parisien », nous explique-t-on. Et ce n’est qu’à 13h, après l’interview de la porte-parole de Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, dénonçant une manipulation, que le bandeau spécial « sale mec » reste bloqué pendant une heure…

– Et après, poursuis-je à Diva qui de toute façon n’en pense pas moins, BFM a interviewé plein de gens de l’UMP qui évidemment ont tous bondi comme un seul homme, etc, et critiqué et tout et tout.

– Je vous signale que c’est DEBILE, intervient Gaby, totalement débile de polémiquer là dessus, est-ce que vous en êtes conscientes ou pas ?

– Je ne polémique pas, j’explique, oui c’est débile mais je sens qu’elle va dire que c’est Internet, ça me gonfle, il y a eu un twitt, mais ensuite, c’est la télé, et puis l’UMP qui est parti en vrille complet.

– Mais non, je ne dirais pas que c’est internet, fait Diva, boudeuse. (elle ne se fache pas avec moi : je l’aide sur Excel).

– Don en gros, pendant que les UMPistes protestent, ça les occupent, les journalistes démentent tous les uns après les autres. Sylvie Maligorne dément sur twitter, puis Thomas Legrand, puis Sylvie Pierre-Brossolette, à tel point que le Parisien publie un démenti partiel, un rectificatif. Bref, il ne s’est rien passé.

– Mais pas du tout ! proteste Diva qui est allé farfouiller sur le Parisien. Moi aussi, je te cite le Parisien : « Pour appuyer sa démonstration, il – donc Hollande – n’hésite pas à se glisser dans la peau de son rival : «Il va se présenter devant les Français et leur dire : Je suis un président en échec depuis cinq ans, je suis un sale mec, mais réélisez-moi parce que, dans cette période difficile, je suis le seul capable.» » Donc s’il te plait, excuse moi, mais Hollande estime bien que Sarkozy se considère lui-même comme un sale mec, et s’il joue Sarko qui se considère comme un sale mec, tu veux me dire qu’il pense que c’est un type formidable ? Je ne sais pas si c’est une insulte si grave que ça, mais il l’a dit, non ?

– Dans un certain contexte.

– Ils sont bons les sandwichs ? crie Gaby.

– Oui, je suis d’accord avec Diva, dit Isabelle. Il a bel et bien dit Sale mec, associé à Sarko.

– Il a dit ce que pensent pas mal de gens. Il y a des tas de gens qui détestent Sarko.

– On peut ne pas aimer Sarko, mais de là à le traiter de sale mec…

– Il y a le contexte, dis-je. Hollande pense que Sarko assume son image de sale mec, et qu’il en joue. Il le dit en off, mais maintenant, on le sait forcément.

– Eh bien, mais ça n’est pas insultant, ça ? fait Diva.

– Au fond, le débat, c’est « est-ce qu’ils ont le droit de s’insulter? », dit Gaby. Arrêtez, comment vous voulez qu’ils ne se méprisent et ne se détestent pas ? Faut bien qu’il y ait un truc qui sorte, merde, on ne va pas en fouetter un chat.

– Et puis, est-ce que Sale mec est une insulte ? demande Isabelle.

– Au fond, le plus insultant, ça n’est pas de dire que Sarko est un sale mec, mais de supposer qu’il joue avec son image de sale mec. Ça, c’est insultant. C’est méprisant. C’est nier sa capacité à assumer son rôle de président.

– Oui, mais est-ce que c’est faux ? je ne crois pas, dit Gaby. Au fait, merci, Gaby, c’est sympa d’être sorti acheter des sandwichs pendant qu’on découvrait que Hollande méprise Sarkozy.

– Ouais, dis-je, merci Gaby.

– Ça me touche, cette spontanéité. C’est une histoire débile. Je vous préviens, demain je vais au Chinois, même seule.

– Non, je ne trouve pas que cela soit si débile. Ok, il y a eu emballement et récupération, mais c’est très symptomatique de l’image, bonne ou mauvaise, réelle ou fantasmée, de Sarkozy. A mon avis, il y a matière à faire une étude sur le sujet, mais à froid,e t exhaustive, pas comme les articles d’aujourd’hui.

– Qu’est-ce que ça veut dire, Sale mec ? Est-ce que toi tu penses que Sarko est un sale mec ?

– Mais comment veux tu répondre à ça ? Soit je te dis oui, parce que je ne l’aime pas, mais si je veux répondre sérieusement, car le sujet le mérite, je suis obligée de dire non. On ne peut pas, à froid, être aussi simpliste.

– Alors, pourquoi est-ce que les journaux se sont excités là dessus ?

– Parce que avec le web, tout va plus vite, c0est cour de récré, que veux-tu que je te dise.

– C’est lamentable.

– Ça fait une heure que je vous le dis, dit Gaby. N’empêche que vous aussi, vous vous êtes excité dessus. Pourquoi les journaux en ont parlé ? Parce qu’ils savent qu’il a des cons qui vont cliquer.

Après ça, il n’y avait plus grand chose à dire, pas vrai ? Alors, on s’est fait un café et on a regardé les tumblr créés à l’occasion de l’affaire de La Redoute. Il y avait même un détournement avec Sarko.

Dark Vador est mort !

Dark Vador est mort !

Bon, soyons franc, ça n’est pas tout à fait lui qui est mort, c’est sa doublure pour les combat aux sabres, mais cette doublure n’était pas vraiment n’importe qui, loin de là.

Bob Anderson était tout simplement l’une des plus fines lames de Hollywood. C’est le type même de la doublure essentielle à un film et méconnue du grand public. Il est mort à 89 ans. Il a rejoint les étoiles ! ai-je pu lire finement. Il est connu entre autre, on l’aura deviné, vu mon titre, pour avoir doublé Dark Vador lors des scènes de combats au sabre laser dans la trilogie originale de Star Wars.

Bob Anderson est décédé le 1er janvier, à l’âge de 89 ans, dans un hôpital du Sussex, en Angleterre. C’est la Fédération d’escrime britannique, dont il était un membre éminent, qui a annoncé sa disparition. Bob Anderson commença sa carrière en terminant demi-finaliste du sabre par équipes aux Jeux olympiques d’Helsinki en 1952. L’année suivante, il est engagé par Hollywood comme entraîneur d’Errol Flynn pour Le Vagabond des mers.

L’aubaine. Hollywood, c’est le bon plan. Depuis lors, Bob Anderson a travaillé comme conseilleur technique ou entraîneur des acteurs pour le maniement de l’épée. Les combats de Princess Bride, du Masque de Zorro, ceux de de Pirates des Caraïbes, du Seigneur des anneaux, c’est lui. Récemment, il avait conseillé Lindsay Lohan pour Machete de Robert Rodriguez (que j’ai vu dernièrement : hyper fun).

Mais il a plus particulièrement doublé David Prowse dans le rôle de Dark Vador lors des cambats au sabre laser dans la trilogie de Star Wars.

C’est Mark Hamill, l’interprète de Luke Skywalker, qui a vendu la mèche en 1983 lors d’une interview : « Bob Anderson est celui qui a fait les combats de Dark Vador. Cela devait rester un secret mais j’ai dit à George Lucas que ce n’était pas juste. Bob a travaillé comme un fou et mérite d’être reconnu. C’est ridicule de préserver le mythe que tout a été fait par un seul homme ».

 

Le 23 décembre dans les Grands Magasins

J’ai vécu une expérience atroce et inoubliable. Par ma faute, ma seule faute. J’avais oublié un cadeau de Noël et j’en ai eu la révélation le 22 au soir en me mettant au lit ; tout d’un coup s’est allumé une lampe dans mon esprit qui m’a hurlé : A NOEL LE COUSIN BAPTISTE VIENT ET TU L’AIMES BIEN ET TU ES AU COURANT N’EMPECHE QUE TU N’AS PAS DE CADEAU POUR LUI. Ça m’a torturé. Oui, j’aime bien ce cousin que je vois un peu, un vieux garçon prof d’histoire de l’art dans une école de créatif de son coin, qui visite avec sérieux tous les musée du monde, les uns après les autres, sans oublier le soir d’aller au restaurant manger des spécialités locales. Ça fait 30 ans qu’il baroude en Europe, musée le jour, restau le soir (avec  photo) )il devrait avoir un blog).

Et je n’avais pas de cadeau.

Alors, qu’ai-je fait ?

J’ai décidé de me prendre dans les Grands Magasins.

Un 23 décembre.

Un vendredi. En sortant du boulot.

J’ai décidé de positiver le truc, et je me suis dit : IL N’Y AURA PERSONNE. (je pense en majuscules en ce moment).

Dans le métro, l’ambiance légèrement enfiévrée aurait du me mettre la puce à l’oreille, mais j’ai ignoré l’avertissement subliminal.

En sortant du métro, la foule était assez compacte, j’en ai profité pour jeter un coup d’oeil sur les vitrines, pas extra cette année, je trouve.

Et je suis entrée dans le sauna, dans la foule, dans le brouhaha et la chaleur et je l’ai imméditament regretté, tout en continuant à avancer. Ma peau, sous les couche de pull et de manteau, est devenue moite. J’ai enlevé mon écharpe et ouvert mon manteau et avancé avec agressivité parce que ça me gavait d’être là, et c’était bien de ma faute.

Qu’est-ce que je pouvais bien lui offrir, à ce cousin ? Surtout pas un livre d’art, il les a tous, peut-être une cravate ? Mais je ne sais pas choisir les cravates. Une pochette ? Il n’en porte pas. Un CD ? Il n’écoute pas beaucoup de musique et a des gouts bien particuliers.

J’ai réalisé qu’au fond, j’étais venue là par panurgisme et réflexe. Je croyais trouver sur place une idée, mais rien de ce que je pouvais trovuer là, dans ces grands magasins, ne correspondait à un véritable cadeau pour une personne que je connaissais et à qui je ne voulais pas offrir n’importe quoi. Baptiste est un type sympa, mais avec son caractère, et des idées bien arrêtées : je peux évidemment lui offrir tout ce que je vois là mais j’aurais juste l’air de la fille qui ne savait pas quoi acheter et qui a pris unt ruc au hasard, luxe et cher, pour dire que je ne me fous pas de celui à qui je l’offre, alors que justement, je m’en fous. C’est bien à ma tante Etiennette, dont je me fous, que je peux offrir ce genre de cadeau superbe et impersonnel – ce que je n’ai pas fait, faute de moyens financiers et parce que je ne veux pas couvrir de cadeau une personne qui m’indiffère : pour elle, j’ai hypocritement participé au « cadeau commun ».

Mais pour Baptiste ?

Très ennuyée, je parcours les rayons en transpirant et suffoquant, incapable de formuler en moi même une idée qui tienne la route. Je tourne et retourne dans les rayons, je monte aux rayons maisons, j’enrage, j’ai chaud, plus j’ai chaud plus j’enrage, et vice versa. Je finis par acheter un pose bouteille en équilibre en bois, persuadée qu’il en a déjà, mais comme, tout célibataire qu’il est, il cuisine et reçoit, c’est l’un de ses plaisirs, on dira que ça lui fera du repose bouteille de rab. En redescendant, dans l’escalator, j’entends une personne parler de bouton de manchette et c’est l’illumination, je vais lui offrir des boutons de manchette, je sais qu’il les mettra car il adore soigner son look, archi classique (c’est sa révolte à lui, il est créa alors il s’habille archi classique). Je passe 20 minutes à trouver le bâtiment de la mode masculine et l’étage des boutons de manchette. Ensuite, le choix des boutons de manchette. je finis par choisir n’importe quoi, et je repars avec mes deux paquets.

La bonne nouvelle, c’est que j’ai un cadeau d’avance (pour Noël prochain ?) J’ai passé trois heures dans les Grands magasins. Le cousin Baptiste, je ne l’ai pas vu depuis 4 ans, ou 5, et au fond, même si je l’aime bien, je me demande si céder à la fièvre acheteuse de décembre en son honneur était une bonne idée. Je rentre en bus, pour me consoler en regardant Paris, et je médite sur la société de consommation et ses conditionnements. Pas fière de moi. Je vais partir habiter dans une grotte, je l’ai déjà dit. Je n’aurais plus de cadeaux à offrir à personne et je ne me taperai pas trois heures dans les Grands Magasins le 23 décembre.

La honte. Je compte sur vous pour n’en parler à personne….

PS : Joyeux Noël !

Hana et le jeune homme en pull

– Tu crois que j’avais tort de lui téléphoner ? me demande Hana.

Il s’agit de (disons son nom) Stéphane. L’ex, celui qui l’a si vilainement laissé tomber. Nous en sommes toujours là, eh oui. On n’avance pas beaucoup. J’ai essayé de lui parler de l’avenir et de la nécessité de ne pas se focaliser sur le passé. Sages paroles, hein ? Mais que peut-on contre la tristesse? Contre le souvenir ? Contre l’envie de comprendre, d’analyser, répertorier ? Je me tais. Moi aussi, il m’est arrivé de me poser des questions. Nous sommes toujours dimanche après midi, et Hana se demande toujours, dans un coin de son esprit, comment fait Sandra.

– Je ne sais pas, dis-je avec sincérité à Hana.

En effet, que répondre à cette question ?

– Je t’ennuie, dit Hana, sensibilité à fleur de peau.

– Non, mais je ne sais pas. Dans quel contexte ? Tu veux savoir si tu avais tort, je te demande dans quel contexte tu lui téléphonais.

– La première fois que je l’ai vu c’était à un anniversaire, soupire Hana. L’anniv d’une copine. Il était là. C’était bizarre, un fête somme toute assez bourgeoise, des invités bien mis, la maîtresse de maison, son mari, ses enfants… Il y avait une ambiance si convenable, si sérieuse. Et en même temps, on aurait dit que tout le monde jouait à être adulte. Et puis il y avait lui et j’avais l’impression d’avoir 16 ans. Il portait un pull blanc à col rond, un jean droit et des sebago dans lesquelles il était pieds nus et je ne voyais que son cou, ses hanches et ses pieds, avec les tendons très nerveux, très fins. Il avait les pieds d’un homme hyper sensible, et le cou d’un ado. C’était touchant. Il a été charmant ce soir là. Délicat, cultivé, drôle… C’était son être social. Il lui fallait être en société pour être comme ça. Sinon, il était plutôt grognon et agacé. Mais je ne le savais pas. On s’est quitté en se promettant de se rappeler pour voir un film… J’étais bouleversée. Je pensais à lui. Mais je ne l’ai pas appelé. C’est lui qui l’ a fait. C’était génial, non ? Ça voulait dire quelque chose, tu ne crois pas ?

– Ça voulait dire qu’il voulait te revoir.

Mais il faut croire qu’au bout d’un certain temps il en a eu marre. C’est certainement difficile à comprendre pour Hana. Elle fait la femme occupée, belle, sophistiquée, et au fond, dès que le temps est venu, elle ne songe qu’au mariage et à l’appartement trois pièces. C’est une conception de la vie, un choix, un rêve, un espoir. Le bonheur Ikea. Les mecs draguent une executive women et finalement ils sentent qu’ils vont avoir à choisir la couleur des rideaux. Le problème, c’est qu’elle ne tombe, ou plutôt n’est attirée que par des mecs qui n’en ont rien à foutre de la couleur des rideaux, soit c’est du jeune cadre ou consultant qui « monte sa boîte », soit de l’artiste qui crée mais on ne sait quoi, mais qui drague à mort…. Le style père de famille l’emmerde. Elle se dit que l’amour sera plus fort que tout….