L’eau ferrugineuse (titre sans rapport avec le sujet, mais association d’idées)

Sans rapport non plus avec le sujet, pas directement, mais association d’idées à la fin du post.
Pouet.

Donc, j’étais chez Gaël, et je parlais avec Hedwige. (Les liens, ce sont les trois posts précédents).

Enfin, elle parlait, et je tentais de rester concentrée.

Dans la vie, moi, j’ai besoin de sommeil.

(Et même si on perd le fil, j’avais une une nuit en deux parties, avec une pause et du champagne).

Et il était – je ne sais quelle heure, mais il faisait nuit. Nuit tôt. Mais c’était noir dehors et je tentais de rester concentrée.

L’idée, c’était que moi et Lui, ça partait super mal (depuis le temps que ça aurait du partir, et que ça ne partait pas, eh bien ça ne s’arrangeait pas), mais que Gaël s’était trouvé un copine. Qu’il ne me l’avait pas dit, il attendait que je l’appelle pour me le dire.

Pudeur toute masculine, on dira.

Face à moi, Hedwige.

Gaël farfouillait dans ses CD en râlant mais je l’ai mis où, p’tain.

Hedwige fait partie de ses femmes qui me donnent l’impression de rapetisser. Elle était grande et large, mais pas grosse, non, on aurait dit qu’elle était simplement à deux échelles supérieures à la mienne.  Les gens sont en général plus grands que moi (ça me surpend toujours quand je me vois avec quelqu’un dans un miroir, quand on se lève pour sortir d’un bar et que je me regarde dans le miroir avec le, la ou les amis qui m’accompagnent – car, moi, allez savoir pourquoi, je me sens toujours grande). Mais elle, elle était plus grande que les gens normaux, donc deux fois mon gabarit. Elle avait donc de grands bras, de grandes jambes, des épaules larges, une stature à rentrer les foins, et, je rassure tous ceux qui s’inquiétaient pour Gaël, une forte poitrine.

(Note : avec toutes les conneries que je raconte, le mot clef qui m’amenait principalement des gens de Google était « fesse », depuis une semaine, enfin là ça a changé. Demain, je parle d’Akira Kurosawa).

Et elle me parlait, en souriant. Et je buvais mon Gewuztraminer, en trouvant ça bon, et là, dans l’était où j’étais, je n’arrivais qu’à me concentrer sur le goût du vin, excellent, et sa voix faisait comme un bourdonnement.

Au bout d’un moment, elle a éclaté de rire : « Mais elle est naze, la pauvre !! Elle dort debout ! ».

– Pas du tout !!! ai-je protesté, et je lui ai répété sa dernière phrase. En fait, j’entendais ce qu’elle disait, sauf que ça mettait du temps à arriver et que j’ai compris ce qu’elle avait dit au moment où j’en ai eu besoin, c’est-à-dire au moment de parler.

Et ce qu’elle disait était surprenant, elle me disait que son copain travaillait à Strasbourg et qu’elle y retournait le week end, oui lui venait à Paris.

Du coup, j’ai regardé stupidement dans la direction de Gaël, ne sachant plus trop où j’en étais.

J’ai quand même dit : Quel modernisme !

Oui, car je trouvais ça moderne d’avoir un copain à Strasbourg et un autre à Paris. Moderne, et pratique, naturellement. Mais moderne.

Ensuite, il m’a semblé pertinent de faire brumeusement un point sur moi-même, car une idée fugitive m’a traversé l’esprit, et j’ai essayé de l’attraper avant qu’elle s’évanouisse.

Ne serais-je pas moi-même une femme moderne?

Où en étais-je, affectivement s’entend?

– Moderne mon cul, sifflait Gaël (qui ne souhaitait pas être moderne).

– Pfff, ai-je fini par dire à Hedwige, au terme d’une réflexion confuse. Je ne sais pas comment tu fais. Tu as l’air zen.

– Toi, tu as l’air crevée.

J’ai confirmé avoir passé une nuit moyenne, tout en tentant une approche pour en savoir plus sur son copain. Impossible de faire fin, vu mon état, j’ai donc fait frontal : et ton copain, il fait quoi?

– Il travaille dans une chaîne de supermarché. Il est comptable.

Gaël m’a jeté un regard. J’ai tenté de visualiser intérieurement un comptable d’une chaîne de supermarché… Je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé à Sylvain Müller (dans Caméra Café). Ce copain comptable m’a aussitôt paru exécrable. Ce qui est fou, inique, atroce, et pour, s’il en est encore besoin, que je croule sous les préjugés. D’ailleurs, Hedwige n’avait rien d’une comptable classique, donc on pouvait être comptable et avoir de gros seins ne pas être un binoclard ahuri. D’ailleurs, qu’est-ce qu’une comptable classique? (Enfin, mon chef et idole, Marc, dit toujours qu’un comptable doit être chiant sinon c’est pas un comptable). Bref, j’arrête sur les comptables, et j’en reviens au fait. J’aime les comptables, mais j’ai détesté celui-là, et sans le connaître.

Suite de la soirée : pas grand chose, on a regardé Van Helsing, je ne l’avais pas vu, je n’ai rien compris. Premières images superbes, mais alors superbes, le moine qui donne des gadgets, très bien,  et après : pouf. Enfin, c’était peut-être du à une baisse violente de ma concentration. Encore un film à revoir.

(Le lendemain matin on a regardé Constantine : pas mal. Bon, un peu trop manichéen à mon goût, et puis Gabriel qui veut donner des leçons, ça me faisait penser aux mystiques allemands du XVIème siècle, non que je lise du mystique allemand, oh, ça non, mais Alexandre Koyré, oui, et dans un de ses livres sur les mystiques allemands il fait état de théories dans la mouvance protestante qui me rappelle un peu ce Gabriel – je n’en dirais pas plus, je vais m’empêtrer, mais je relève le niveau, j’ai dit, hein. Un jour, quelqu’un tapera mystique allemand du XVIème siècle, ou Alexandre Koyré, et il atterrira ici. Et je serai super fière. Parce que fesse, je n’étais pas fière.  Le lien de la Fnac indique que le bouquin est épuisé, eh oui, faut fouiner dans les petites rues autour du Boulevard Saint Michel, chez Gibert voire chez Boulinier, mais c’est sympa, ça vaut le coup et on trouve des trucs sympa). Pour en revenir à Constantine, il y a Keanu Reeves dedans, ça y fait.

Pouet.

C’est vieux, mais c’est bien, non?

14 réponses à “L’eau ferrugineuse (titre sans rapport avec le sujet, mais association d’idées)

  1. toujousr aussi agréable de te lire!

  2. J’adore toujours autant tes histoires. Je reviens demain pour Akira Kurosawa parce que lui je l’aime bien. Et ces films aussi.

  3. Moi aussi j’ai pleins de préjugés …sur les comptables !
    Hann…c’est pas bien hein?!

  4. Notre voisin est comptable. Et c’est un sacré fêtard, on ne ressort jamais de chez lui en marchant droit (c’était le communiqué du comité de réhabilitation des comptables… merci de votre attention ^_^)

  5. Ah les comptables, tout un mystère 😉 en fait je pense que tous les comptables se ressemblent… marrant

  6. Ah cette Hedwige, je vois tout à fait le genre. J’ai des copines un peu comme ça, qui me font me sentir toute petite, alors qu’en vrai, je suis pas très petite (pas très grande non plus). Et c’est le genre de fille que tu voudrais détester… mais tu peux pas !

  7. mdr pour la « stature à rentrer les foins » et le reste! neserit-ce point la descendante de la bonne d’Eugénie Grandet, dont j’ai oublié le diminutif et qui était très hommasse!
    déjà le prénom est exceptionnel (Hedwidge avec un H) et le physique a l’air époustouflant!

  8. Pfiou quelle histoire, et quelle Hedwige aussi.
    Je sais pas, je peux pas réussir à trouver sympathique une personne qui a 2 copains, dans 2 villes différentes. Je ne suis pas assez moderne 😉

  9. les comptables (femmes) que j’ai connu avec toujours une énorme pair de nibards.
    gabarit à rentrer les foins, c’est marrant ça!

  10. Et dire que moi j’ai fait 4 ans d’études avec les comptables parce que j’etudiais le controle de gestion. Mais je pourrais pas faire leur boulot…

  11. Aujourd’hui, Akira Kurosawa, hein ! T’as promis 😉

  12. Eh, eh, eh… Kurosawa, quelle grande idée. T’es en retard sur ta promesse.
    On attend !
    Allez bonne journée, suis en cours avec du marteau piqueur juste de l’autre côté du mur, on entend super bien le prof…

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