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Méditations vespérales

méditation du soir

Deux semaines après avoir rencontré Pierre-Henri pour la première fois et l’avoir trouvé fort peu intéressant, je me livrai à une introspection, chez moi, assise dans mon lit, un pot de crème à tartiner à la noisette à la main, et ce n’était pas de trop car j’avais besoin de gras (pour faire coulisser les neurones) et de sucres (intensité de la réflexion).

Je me palpai l’intérieur du coeur – il s’agit naturellement d’une métaphore hardie – à la recherche de sentiment amoureux et je me posai la question que je me pose toujours. Si je rigole avec lui, si je le retrouve avec plaisir, si je suis cool et détendue avec lui, si j’ai envie de le revoir quand on se quitte, si j’aime qu’il m’embrasse, et si je sens que tout en l’ayant avertie que non rien de plus car non je ne ressens rien pour lui donc ceinture, je me sens fléchir drôlement – c’est-à-dire – il semble bien que les choses vont évoluer rapidement – en fait, je souhaite qu’elles évoluent – donc – quelle conclusion tirer de tout ça?

Aucune.

J’essaie de me diviser en trois : intellect, corps, coeur. L’intellect dit que c’est cool, le coeur dit qu’il s’en fout, et le corps bon ben alors on y va.

Il est évident que j’ai un certain nombre de siècle de culture judeo chrétienne dans la tête que que ça n’est pas facile. Combien de siècles, d’ailleurs?  Tous ces blocages ne viennentils pas du XIXème siècle seulement? En fait, je voudrais bien être amoureuse et je déplore de l’être si peu. Je voudrais bien envisager avec décontraction et sans arrière pensée de plonger joyeusement dans la gaudriole. J’y plonge toujours, mais je culpabilise. Le monde me semble rempli de personnes toutes plus amoureuses les unes que les autres de personnes avec qui elles font l’amour dans la volupté la plus totale et avec qui, après la douche, elles peuvent parler de littérature ou de cinéma (ou de mathématiques appliquées, ou de stratégies de développement dans un environnement concurrentiel si elles veulent).

Suis-je la seule à me retrouver dans des situations insatisfaisantes? Il est probable que non. J’avais besoin de conseils. Je le sentais.

Mais qui appeler?

Car les copines, ce n’est pas si simples. Val ne veut pas entendre parler de sentiments, elle n’a pas le concept, du boulot et un avenir qu’elle espère meilleur (et un copain sur mesure, enfin sur mesure pour elle, il me donne envie de dormir, rien qu’à le voir). Hana est toujours d’accord, quoique je dise. Sandra couche d’abord, un peu tout azimuts, avec un enthousiasme qui force la sympathie, et réfléchit après ; les sentiments, elle ne sait pas trop, c’est un peu comme une digestion difficile, mais en mieux.  Je ne sais pas si elle peut m’être d’un grand secours. Il m’en reste plusieurs, de copines, dont Nadine, très dynamique et positive, j’opte donc pour Nadine, et je la somme de m’accorder un entretien pour le lendemain.

(On ne me suggère pas Hedwige, je ne la connaissais pas et de toute façon je ne la sens pas pour ça).

Puis, j’abandonne mes réflexions, qui ne me conduisent que dans de décourageantes impasses, et je me mets à lire. Montesquieu a dit :  » Je n’ai guère eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé ». On me dira : il n’a pas du vivre des trucs trop atroces, ça tombe bien, moi non plus, grâce au ciel, et la lecture me change toujours les idées. En plus, je suis dans Transpotting, en français, ce qui donne un texte bizarre dans une sorte de non-argot imaginaire assez déconcertant (on suppose que l’auteur traduit un argot britannique, mais il ne le traduit pas dans un argot français, l’argot étant par essence assez difficilement traduisible, ce qui donne une sorte de langue qui n’existe pas, et augmente l’effet étrange du livre…). En tout cas, inutile de vous dire qu’au bout de trois pages, mes interrogations me semblent d’une bourgeoise platitude et je m’endors en me croyant dans le squatt de Berlin, pourquoi Berlin, on ne sait pas…

Pierre Henri au cinéma, 2

(Je rappelle que ça date d’un an à peu près)

Mais ça ne s’est pas passé comme je croyais. Nan.

D’abord, Pierre-Henri souriait quand nous nous sommes retrouvés. Il semblait content, heureux, zen, il souriait. ça m’a rendu muette. J’étais resté sur un m’as-tu vu prétentieux et vieille France, une race à part, et il souriait. Il m’a salué posément et m’a fait une petite causette dont je percevais bien que c’était un baratin poli de début de conversation, mais ça m’a terrassée.  Pas m’as-tu vu en paroles. Dans les gestes, une affectation, quelque chose de prétentieux, oui, mais atténué par les paroles.

Donc moi, tendue, sceptique, sotte d’avoir accepté de le rencontrer, et lui, charmant dans un style bon jeune homme, alternativement exaspérant et drôle quand même – volontairement ou involontairement. La file d’attente dans le froid, enfin pas si froid, mais j’étais gelée. La façon dont il tend le bras pour regarder sa montre. Dont il répond au téléphone, dont deux fois en anglais. Il m’explique des amis à lui l’attendent pour boire un verre, je lui réponds que je comprends l’anglais, et je ne vois pas où il veut en venir : ne leur a-t-il pas dit qu’il était occupé?

Il me sent agacée et lève un sourcil : naturellement, il leur a fait part de ses obligations, mais ces amis l’ont appelé à tout hasard et ne savaient pas s’il était pris ou non ce soir. J’adore l’idée d’être une obligation, et j’ai moins froid aux pieds. Quand on entre dans le cinéma, la même émotion qui me prend dans ce cinéma là (et pas dans les salle ultra modernes), me saisit. je suis toujours prise d’un petit coup au coeur en m’asseyant dans un Action (surtout le Ecole – nooooostaaaalgie). Je n’y peux rien. C’est un vrai cinéma (me dis-je à chaque fois). Les autres sont des lieux de consommation.

Donc, toute euphorique, ça me met dans une ambiance et un état d’esprit formidable. Je me mets à parler du film. Pierre-Henri m’écoute, intéressé. Et courtois. Chapeau. Un attendrissement me prend quand le film commence. Non, pas un attendrissement… Un respect. J’ai pitié de lui. Je suis vraiment trop chiante comme fille. Non, pas chiante… Bref. Je bascule dans le film, et puis, presque deux heures après, je débascule. Emballée, comme d’hab. Enthousiasmée, je me tourne vers Pierre-Henri, qui me fait part de son agréable surprise. Il s’attendait à un truc beaucoup plus ennuyeux, avoue-t-il : je ne suis pas la seule à avoir des préjugés. Du coup, il est plus décontracté. Moi aussi. On sort gais comme des pinsons, il fait nuit. Qu’est-ce que c’est rasoir, l’hiver. Mais du coup, le verre qu’on va boire avant de se séparer prend des airs hors du temps : il est six heures, mais il pourrait presque être minuit quand on passe dans les petites rues (dans les autres, il y a des boutiques, donc ça ne fait pas minuit). Cette illusion donne un air de fin de soirée à ce début de soirée, on parle, avec légèreté, on rigole, et on parle de cinéma, de films d’action, de Tigres et Dragons, il aime, j’aime, et je le quitte en me disant qu’il est, finalement, presque supportable.

Alors?

Le rire de la Béotienne, ou : des trucs qu’on est trop bêtes pour comprendre

D’humeur artiste, je folâtre sur le site du Musée d’Art Moderne (l’usine très belle au milieu de Paris).

Et paf ! Que lis-je?

Ça.

Manifestation exceptionnelle, « Vides » est une rétrospective des expositions vides depuis celle d’Yves Klein en 1958. Dans une dizaine de salles du Musée national d’art moderne, elle rassemble, de manière inédite, des expositions qui n’ont rigoureusement rien montré, laissant vide l’espace pour lequel elles étaient pensées.

L’idée d’exposer le vide est récurrente dans l’histoire de l’art de ces cinquante dernières années, au point d’être presque devenue un cliché dans la pratique artistique contemporaine. Depuis l’exposition d’Yves Klein La spécialisation de la sensibilité à l’état matière première en sensibilité picturale stabilisée à la galerie Iris Clert, à Paris, en 1958, les expositions entièrement vides affirment différentes conceptions du vide. S’il est pour Yves Klein un moyen de signaler l’état sensible, il représente en revanche l’apogée de l’art conceptuel et minimal pour Robert Barry avec Some places to which we can come, and for a while « be free to think about what we are going to do. » (Marcuse), [« Des lieux où nous pouvons venir, et pour un moment, ‘ être libre de penser à ce que nous allons faire ‘. (Marcuse) »], œuvre initiée en 1970. Il peut aussi résulter du désir de brouiller la compréhension des espaces d’expositions, comme dans l’œuvre The Air-Conditioning Show d’Art & Language (1966-1967), ou de vider une institution pour modifier notre expérience comme dans l’oeuvre de Stanley Brouwn. Il traduit également la volonté de faire l’expérience des qualités d’un lieu d’exposition, comme pour Robert Irwin et son exposition réalisée à la ACE Gallery en 1970, ou pour Maria Nordman lors de son exposition à Krefeld en 1984. Le vide représente aussi une forme de radicalité, comme celui créé par Laurie Parsons en 1990 à la galerie Lorence-Monk, qui annonce son renoncement à toute pratique artistique. Pour Bethan Huws et son œuvre Haus Esters Piece (1993), le vide permet de célébrer l’architecture du musée, signifiant que l’art y est déjà présent et qu’il n’est pas nécessaire d’y ajouter des œuvres d’art. Le vide revêt presque le sens d’une revendication économique pour Maria Eichhorn qui, laissant son exposition vide à la Kunsthalle Bern en 2001, permet d’en consacrer le budget à la rénovation du bâtiment. Avec More Silent than Ever (2006), Roman Ondak, quant à lui, laisse croire au spectateur qu’il y a plus que ce qui est laissé à voir.

Agacement. Non, non, on ne se fout pas de nous.

L’expo s’appelle Vides, et c’est 12 euros l’entrée.

Ceci est une photo sur laquelle il y a plus que ce qui est laissé à voir.

p2030041

Laure Manaudou nue rencontrera-t-elle Ségolène Royal en Espagne?

Presse-Citron vient de a publié hier un post extra sur « sept façons foireuses de faire connaître son blog« .

Il n’y en a que deux d’applicable (pour moi, je veux dire facilement, surtout aujourd’hui).

J’applique illico.

Laure Manaudou nue rencontrera-t-elle Ségolène Royal nue, accompagnée de Rachida Dati, nue aussi, pour faire raccord, en Espagne?

Et le coup de la liste (pff, pas d’idées).

(Plus tard)

Au boulot

paris-quaiPhoto n’ayant à voir ni avec la choucroute, ni avec le sujet,
mais tant pis, j’ai décidé de mettre mes photos
et par ailleurs j’aime les poubelles
-si, c’est vrai.

Je voudrais bien tâcher de continuer mon analyse du boulot, et en particulier de Diva.

Ou du moins je vais commencer par elle – je sais, j’en ai déjà parlé.

Mais pourquoi me semble-t-elle si importante?

Le point est là, précisément. On est, disons, une petite dizaine dans la boîte, plus deux trois free lances qui passent souvent, plus d’autres qui passent moins.

Or, dans tout ce monde, Diva me semble difficilement contournable.

D’où son surnom, d’ailleurs.

Mais pourquoi?

Parce qu’elle fait en sorte de l’être ; mais de quelle façon?

Il y a, comme je l’ai déjà dit, cette façon d’être sucrée.

Il y a aussi autre chose, et là je sais qu’on pourrait théoriser. J’aimerai qu’un sociologue étudie le sujet. L’information.

Quoi, l’information? L’information, c’est la vie. Je crois qu’en cours j’avais appris que l’ADN c’était de l’information. Il y avait aussi des trucs avec l’information dans les romans de Philippe Dick, décidément, il faudrait que je le relise. Diva utilise l’information, la manipulation d’information, la rétention d’information, toutes sortes de trucs à propos de l’information.

Isabelle fait pareil, mais c’est différent : Isabelle est gourmande d’info. Elle adore savoir des trucs sur les gens, surtout dramatiques ou affreux, et les révéler en chuchotant (en marchant jusqu’au métro, ou en en repartant, ou au café).

Diva stocke des informations, toutes sortes d’informations ; ça peut être des coordonnées de free lance, alors que ce serait plutôt le boulot d’Isabelle, mais à la limite, ça peut passer. Elle stocke aussi des infos sur les gens, leur famille ; moi, par exemple, elle a noté dans un premier temps que je ne voulais pas en parler ; elle en a déduit qu’il y avait un problème ; elle a tenté de situer le problème ; j’ai aussitôt parlé de ma famille, mais pas comme elle voulait, ou sans lui révéler quoique ce soit : je suis très bavarde, mais je peux parler en boucle sur des détails.  C’est ce que j’ai fait. Du reste, quand on part sur les détails (l’aspect de la table à Noël ou le menu), c’est bien le diable si elle se met pas à parler de SA table de Noël (photos le lendemain) et de SON menu (idem). Je l’ai convaincue que ma famille était ennuyeuse à périr ; après la phase d’attaque (c’est drôle, on dirait que tu ne veux pas en parler?….), j’ai contre attaqué (ah bin l’autre jour j’étais chez mon père et j’ai pensé à toi : il s’est acheté un nouveau gadget – ne me demandez pas lequel, je ne retiens jamais les noms). Tiens, il faudra que j’en parle. La technicité, le prix et l’utilité relative (ou disons très spécifique) des gadgets que mon père achète avec enthousiasme ont eu raison de Diva ; son mari n’achète que des voitures et des téléphones ; c’est un peu le degré zéro du gadgetophile. Le Kéké, quoi. Mon père est beaucoup plus technique ; il faudra que j’en parle un jour. Surtout que ça se développe en vieillissant, je trouve.

Bref. De même avec Gaby. Diva épie Gaby, laquelle a le défaut d’être pétrie de compétences, toutes cachant la suivante, mais aussi de malheurs (ou supposés tels), et ses malheurs étouffent ses compétences. Diva retient ses malheurs et fait de Gaby soit une pauvre femme soit une malade ; ça commence du reste à être agaçant, quoique Gaby soit assez exaspérante.

Hm. Il va falloir que je parle de Gaby, ça va être long…

Post technologique

fils-electriques

J’ai déjà dit que je lisais Presse-Citron, et l’un des raisons, c’est que mon père s’est mis à être branché technologie, c’est épuisant, il parle de gadget avec numéros tout le temps, moi et sa femme on en a un peu marre des fois.

Donc avant d’aller le voir je me lis quelques posts de  Presse-Citron, je note des trucs sur mon carnet (à l’ancienne, avec un stylo) et je le ressors pendant le repas.

Hier soir, grandiose.

Papa : – HC 127 à gradient compensé (je dis n’importe quoi, je décroche quand il parle) et qui te permet de (…..).

Moi : Ah, au fait, tu sais que Samsung va présenter officiellement au Mobile World Congress de Barcelone la semaine prochaine le Blue Earth Solar, un mobile qui ne fonctionne QUE  à l’énergie solaire grâce à des capteurs situés derrière?

OK, je n’étais pas hypra spontanée dans ma remarque, mais il ne s’en rend pas compte.

Enfin j’essaie de le faire un peu moins braillard que ouaaaah, ils ont fait un site pour voir des vampires qui coupent des bras (post d’hier) (quand je l’ai dit à Ben). Mais c’est le principe.

Donc mon père me regarde, muet (je l’avais pris de court).

Je continue avec enthousiasme : tu te rends compte, c’est super, il se recharge tout seul (tu le laisses sur la table au soleil et tu téléphones la nuit).

Mon père, technique mais distant, essayant d’avoir l’air dégagé : tu dis quelle marque, déjà??

Moi : ben, tu vas sur le site du mobile World Congress et tu as tout.

Il a tout noté.

Ah, ah, ah.

Merci, Presse-Citron.

Et alors à part ça, rien à voir, mais je vais mettre de plus en plus de photos à moi sur ce blog. Elles ne sont pas belles, sauf quelques unes, mais elles sont à moi. Par exemple, celle d’aujourd’hui : « fils électriques ».

Où manger à midi?

Voilà un problème de ma vie quotidienne.

Où déjeuner à midi?

Damned.

L’année dernière, j’étais courageuse, et peu insérée socialement dans ma boîte. En tant que nouvelle, je faisais mon lot d’efforts dialogués pour m’insérer, tout ça, mais je pouvais faire ma spéciale pour déjeuner.

Soupe au micro onde.

Mais tout cela n’est plus.

Que s’est-il passé?

Je n’ai rien vu venir.

Les attaques conjointes de ma gourmandise ; les prières incessantes de certain(e)s collègues ; le désir de ne plus voir Lui ; le désir de penser à autre chose que Lui est partiiii, bou-ou-ouh, tout cela m’a perverti.

J’ai craqué.

Dans ma vie, tout d’un coup, l’heure d’une envie violente et irrépressible de salade auvergnate m’a prise en traître.

La salade auvergnate.

90 % de salade et de pommes de terre, 1% de jambon dit de montagne, 1% de lard, 1% d’oeuf dur, 1% de fromage genre salers, 1/4 de tomate slicée à mort.

Et le pire, c’est que j’aime ça.

Et la niçoise?

La même, mais dans les 1 %, c’est 1% de saumon, 1% d’anchois, des herbettes vertes, 1/8 d’oignon, 1/4 de tomate… et 1% d’oeuf, aussi.

J’ai honte.

D’aimer ça, je veux dire.

Je socialise à mort ; c’est dramatique. Je ne rêve que de solitude, et je suis toujours entourée de 5 à 6 personnes.

ça crie, ça hurle de rire et ça papote.

Je dois être la seule personne aussi incohérente, à rêver d’être seule au milieu d’un cratère (je dis cratère car je suis encore dans l’ambiance auvergnate ; en Auvergne les volcans sont éteints et en rando on se retrouve dans des cratères) et à me retrouver face à une place énorme pleine de voiture qui tournent, de l’autre côté d’une vitrine entourée de collègues qui hennissent de rire.

Dans le cratère, je m’en souviens, il y avait des vaches… C’est vrai que c’est ennuyeux. Je n’aime pas trop les vaches… C’est peut-être mieux Paris et une brasserie qu’un pique nique entourée de vaches…

Qu’en pensez-vous? Et où mangez-vous à midi? Comment résistez vous à la pression sociale et gourmande?

(Où est ma force de caractère de l’année dernière?)

(Et alors là, soyons fous, j’ai ajouté un sondage)

(Votez, s’il vous plaît, je fais des trucs techniques, alors soyez sympa)

Où Fanette voit beaucoup Hedwige

rue

Oui, ça fait longtemps que je n’en ai pas parlé, d’Hedwige, hein? D’ailleurs de sandra non plus, mais là, l’actu, c’est quand même Hedwige.

Tentons de resituer (allez dans  Gaël des Catégories, sinon je ne vais pas m’en sortir).

Après cette première rencontre avec Hedwige, il sa passa un truc assez marrant, je suis sûre que ça vous arrive aussi : moi qui ne voyais plus beaucoup Gaël, je ne l’avais pas vu depuis six ou huit mois, eh bien, à cause d’Hedwige, on recommença à se voir comme des fous.

On se remit à être inséparables. Comment cela se fit-il? A la fois brutalement et insensiblement. Après avoir fait la connaissance d’Hedwige, durant un week end, je reçus un sms le mercredi, d’Hedwige, hyper succint, me fixant un rendez-vous dans un bar/resto, que nous appellerons arbitrairement « Chez Nono », nom totalement imaginaire, je le précise. Et sans rapport aucun avec le vrai nom du bar. N’ayant aucune idée de l’endroit où ça se trouvait, je tentai de l’appeler, en vain, puis Gaël, en vain aussi, je perdis du temps de mon entreprise à farfouiller dans Google et je me rendis au rendez vous d’humeur moyenne – c’est quoi d’envoyer des sms sans détails, comme ça, quasiment arbitraires? hein? ça sent le rendez-vous pourri.

Certes, j’aurais pu ne pas m’y rendre.

Surtout que j’étais mal habillée.

Mais toute à ma douleur et vexée par mon aventure avec Lui, un peu de distraction était la fort bienvenue, plutôt que de rentrer chez moi en me disant : « mais que tu es nulle ; mais que tu es conne ; mais que tu..; etc ».

Certes, il y avait Pierre-Henri, et ses bars d’hôtels chics. Mais nous courrions à la routine, et … je ne peux pas tout raconter en même temps.

Donc, chez Nono. A la sortie du métro, il bruinait, détail charmant, et je consultais, irritée intérieurement, mon petit papier tout petit sur lequel j’avais inscrit le nom des rues pour aller du métro à Chez Nono. Triste, mais pas gacheuse de papier, sauvons la planète.

On traverse la rue, on prend la rue en face qui monte, uuuh, y a des sex shop partout, et des dames légèrement habillées, une rue à droite qui ne monte pas, et paf une autre rue qui monte, et dans cette dernière, au moins cinq restos/ bars.

Les mystères de Paris. Pourquoi cinq restos/bars là?

Chez Nono, j »entre, ah, au moins j’aime la musique, et je vois au fond Hedwige, Gaël et deux autres. Hedwige me fait des grands signes enthousiastes, se lève, enfin se déploie devant moi, m’embrasse, et s’écrie :

– Aaaaah, je suis trop contente que tu sois venue, j’avais peur que tu piges rien à mon sms, tu es supeeer, je t’adoooore, et elle m’embrasse.

– Ben, j’ai un peu rien compris, murmuré-je, tout ma mauvaise humeur envolée (mauvaise humeur? mauvaise humeur? rendez vous pourri? sms arbitraire? ), mais je me suis dit on verra bien.

Ce qui n’était pas totalement mensonger.

Hedwige me resserra dans ses bras.

Mon Dieu, que l’Alsacien est démonstratif ; ou bien c’est elle?

L’une des filles présentes avisa mon papier genre post it et me dit :

– T’aurais pas pu trouver un truc plus petit?

Non mais quelle conne.

– Je sauve la planète, moi, lui rétorqué-je. Hasard ou chance, à cause de ma mauvaise humeur, je dis ça si désagréablement que l’on aurait pu me classer momentanément dans la catégorie des pestes.

Hedwige éclata de rire :

– Je t’adoooooore ! répéta-t-elle.

C’est bon d’être appréciée, c’est fou. Je me mis à parler avec Gaël, délaissant l’idiote. Gaël ne semblait pas très en forme.

Je ne vais pas tout raconter en détail, mais ça commença comme ça : une première soirée sympa. Puis, deux jours après, rebelote, apéro chez Hedwige. Et puis tout d’un coup, ce fut comme si nous avions, toujours, passé tout notre temps ensemble. Des sms tous les jours, plusieurs fois par jours, des sorties, des balades.

Gaël, Hedwige, et moi.

Je suis sûre qu’on a tous connu ça.

Non?

Je rêvais d’un autre monde

Vous connaissez cet état d’esprit où tout paraît étrange? je suis comme ça en ce moment. Comme si de subtiles modifications dans ce qui m’entoure avant créé une sorte de monde parallèle dans lequel je serais tombée sans m’en rendre compte.

Le bureau de Lui et Ben est fermé, je crois que c’est ça. Ils bossent dans le nouvel appart de Lui, et d’ailleurs ils ont plein de boulot juste en ce moment. Je me demande qui va venir dans ce bureau, mais en tout cas, ça me change tout. J’étais habituée à eux, à les voir, et puis le fait qu’ils ne soient plus là, joint à ma mésaventure avec Lui, tout ça me tourne la tête.

Oui, ça me tourne la tête : tout me paraît étrange, curieux, bizarre. Je regarde les murs de la cour et je remarque leur texture : était -elle la même auparavant? Et avant quoi, d’ailleurs? Avant Lui? Avant leur déménagement? avant Obama? Avant le fou qui a tué des enfants dans une crèche? Avant la tempête? Et après la grève de jeudi, ça sera différent? Aurais-je la même impression de flotter?

Je ne sais pas comment ça se fait, mais, pour ajouter à cette sensation de différent, l’actualité m’a assommée, cette semaine – et pourquoi? Puisque je pense, intellectuellement, que l’élection d’Obama ne va pas tout changer, pourquoi ne puis-je être de ceux qui ont une pensée claire, et pourquoi dois-je, alors, honteusement, lutter contre le sentiment enfantin et irritant que si, ça va changer quelque chose? je ne suis plus une enfant? Je ne veux pas y croire, alors pourquoi j’y pense? Comment font les autres? Ils sont comme moi, naïfs, et cons, mais ils luttent, mieux que moi? Pourquoi ça ne marche pas avec moi? J’ai trop lu Mon amie Flicka? Pourtant j’ai vu Ran, et je sais que les bons sentiments ne marchent pas en politique!

Pourquoi le tueur de Belgique m’a t-il assommé? j’ai commencé à me dire « mais dans quel monde vivons nous? » et je me suis fait penser à ma tante. J’ai essayé d’arrêter de penser. Pourquoi me mets-je à penser en poncifs, c’est l’âge? j’ai peur… Mais je ne parviens pas à comprendre comment on peut faire ça – tuer des bébés, naturellement, personne ne peut comprendre. Pourtant, si l’on y réfléchit bien, entre les faits divers et les guerres, on tue des bébés. ma surprise doit encore un peu tarte. Ma tante me dirait : « ben c’est un fou » comme si cela expliquait tout. (Même un fou, il me semble qu’il devrait s’arrêter devant un bébé).  Les journalistes ont dit que c’était un fan de film d’horreur. Je ne vois pas le rapport, désolée, ou alors c’est de la même veine que la petite hystérie actuelle anti internet? Tu regardes très fort très fort le Joker, et paf, tu fais comme lui?

Pour en finir, la tempête. Donc, si vous voulez, l’actualité, cette semaine, elle nous a dit que le monde était incohérent, qu’ un dingue pouvait faire n’importe quoi, que nous ne sommes rien face aux éléments naturels (ça me rappelle 2001, l’Odyssée de l’espace), que nous sommes en quelque sorte, dans des courants fous, incontrôlables, que les plus forts s’en sortent (tous ces chefs d’entreprises qui renonncent à regret à leurs millions me fichent en rage, moi, moi, MOI, Madame de la Rochette, au secours), et que les plus faibles, non, surtout les bébés devant un type armés d’un couteau (je le savais déjà, mais ça ne m’a pas fait de bien de m’en ressouvenir) et Sarko va prendre son micro et nous expliquer comment il va faire pour que tout aille bien pour nous. Je l’admire, ainsi que tous ceux (et ils sont de tous bords politiques) qui ont la solution. Moi, j’ai envie de faire comme le type qui se mettait dans un tonneau et qui, lorsqu’Alexandre le Grand est venu se mettre devant lui pour lui dire qu’il l’admirait, et lui demander ce qu’il pouvait faire pour lui, lui a juste dit : « Ote -toi de mon soleil ». Diogène.

Mais vous faites comment, vous, vous faites comment?

Je vais manger du chocolat, je crois. Et chercher l’actu de Brad.

Fanette dépitée

(Suite du précédent)

Oui, le film était un navet, Inju, ça s’appelait, enfin je crois que selon mes critères, c’en était un, sauf que comme je flottais dans les fleurs et les oiseaux, tout était bien.

Je vous rassure tout de suite : il ne s’est rien passé. Enfin, si mais rien dans la série « amours ». Hélas. Mais j’y viendrai.

Racontons avec ordre : l’avant cinéma, le pendant, l’après, OK?

Avant : café, discussion. En effet, ça ne va pas entre Sandrine et Lui. Sandrine, selon Lui, veut un battant, ou alors qu’il entre dans la boîte de son père pour faire des armes (c’est l’expression utilisée par Lui, qui, je suppose, est celle de Sandrine). Lui, se voit comme un créateur, actif, il veut bosser ça et là, gagner des sous, il en gagne plus ou moins, mais ça lui va comme ça, il ne veut pas structurer le truc, il veut être libre.

Je l’écoute, toute rêveuse, et complètement inhibée.

Un jour, alors que Pierre-Henri me regardait avec des yeux qui appelaient (et m’énervaient), j’ai rigolé, mais je l’ai embrassé, c’est venu comme ça, c’était normal, ça été le moment. Comme ça, paf.

Sauf que je me moque de Pierre-Henri, il est sympa, mais je ne me transforme pas en nuage devant lui. J’agis.

Mais pas avec Lui. J’ai l’impression, alternativement, d’être en plomb ; ou en coton. je me dis frénétiquement : dans d’autres circonstances, je ferais quoi? je gèrerais comment? D’habitude je fais quoi? Et impossible de trouver.

Donc en fait, et avec un affreux sentiments de nullité, je suis là. Je reste là comme une niaise, je cherche quoi dire et je ne trouve pas. Je réussis juste à prendre l’air intéressée et bienveillant, plutôt que confise et béate devant Lui, ce qui serait atroce, au moins pour mon orgueil.

J’exhale juste, à un moment : Pfff, Sandrine ! Mon pfff n’est pas exempt de désapprobation. c’est violent, n’est-ce pas?

Pendant le film : on regarde le film. Je suis en état d’apesanteur, et soit je me demande comment le héros va s’en sortir, soit je me demande comment je vais m’en sortir.

Après le film :

On retourne au café. Je bois du vin blanc. On parle de trucs. Je me déconstruis intérieurement, toujours incapable de trouver quoi dire. C’est hallucinant. En plus je suis bavarde, normalement. Qu’est-ce qui m’arrive? j’ai le coeur qui bat. Je ne me tords pas les mains parce qu’elles sont agrippées à mes genoux. Normalement, mes mains, je les mets où? Avez-vous un plan pour le positionnement des mains? Et du reste? vous vous penchez, quand vous êtes assise au café avec des gens? ou vous restez droite? Vous posez le coude sur la table? Ou pas? Si je m’appuie sur la table, est-ce que ça diminue mes chances avec lui? Et comment respirer? la bouche entrouverte? par le nez? Et si je renifle? Qu’est-ce que je fais quand je suis avec des gens normalement? Est-ce que quelqu’un dispose d’une liste de sujets de conversations types?

Bref, c’est atroce. Je continue de tenter d’avoir l’air détachée. Et ce n’est pas facile, car je ne suis qu’une enveloppe, et le reste de moi-même flotte dans le café, mais heureusement ils ne s’en rendent pas compte, sinon qu’est-ce que j’aurais l’air con.

Après, on dit qu’on va rentrer chez nous.

On rentre chez nous.

Je me rassemble peu à peu. Je me maudis. Qui dispose d’une explication rationnelle? Aurais-je du lui sauter dessus en hurlant ? Je n’ai jamais fait ça : pas en hurlant ; ni même en parlant : chaque fois que je me suis rapprochée d’un garçon dans une intention évidente, il y avait un contexte de sympathie/tendresse/complicité préalable, qui rendait les choses plus logiques ; ou alors on dansait. Enfin il y avait un truc. Je ne me suis jamais posé la question, ou alors une ou deux fois. Là, le contexte n’y était pas. Mais moi, je n’y étais pas non plus. Alors que fais-je? je guette l’occasion? je la crée, mais comment?

Mon humeur : je suis triste et folle de joie.

Demain, je réanalyse la situation.